Le Forum sur la transformation digitale, organisé par l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication (ANTIC), s’est ouvert le 20 novembre 2024 à Yaoundé. L’événement, qui s’inscrit dans la vision de modernisation des collectivités territoriales décentralisées (CTD), ambitionne d’accélérer l’intégration des TIC dans les services publics et de promouvoir des solutions locales adaptées.
Le Directeur Général de l’ANTIC, le Professeur Ebot Ebot Enaw, a donné le ton dès son discours inaugural. Dans une salle comble, il a salué les efforts conjoints des membres du gouvernement et des partenaires scientifiques pour faire de cet événement un lieu d’échange et de proposition autour de la transformation digitale.
Ce forum répond à une directive présidentielle : celle de rattraper le retard numérique du Cameroun, comme l’avait souligné le Chef de l’État, Paul Biya, lors de son adresse de fin d’année en 2018. Selon les statistiques de l’ANTIC, le taux de pénétration de l’internet au Cameroun est passé de 4,3 % en 2010 à 45,6 % en 2024. Malgré ces avancées, beaucoup reste à faire pour intégrer efficacement les TIC dans le quotidien des institutions publiques et privées.
Des défis persistants malgré des progrès encourageants
Les résultats d’une enquête réalisée en décembre 2023 auprès de 89 structures publiques et privées révèlent des avancées significatives. Ainsi : 90 % des dirigeants sont sensibilisés à l’importance de la transformation digitale ; 89 % des structures disposent d’une stratégie numérique, bien que la mise en œuvre demeure faible dans le secteur public ; 95 % des structures ont un réseau local, mais seulement 62 % utilisent une messagerie professionnelle.
Cependant, des obstacles majeurs freinent la transformation digitale. Le manque de financement, le faible niveau de formalisation des processus internes et l’insuffisance de compétences humaines spécialisées en ingénierie des process figurent parmi les principaux freins identifiés.
Les CTD au cœur des priorités
Le forum met un accent particulier sur les collectivités territoriales décentralisées, un pilier clé du développement local au Cameroun. La digitalisation est perçue comme un levier stratégique pour améliorer la gestion publique : réduction des délais administratifs, limitation de la corruption grâce à la dématérialisation des interactions, et meilleur suivi des politiques publiques.
« Les spécificités locales doivent guider nos choix technologiques », a insisté le Professeur Ebot Ebot Enaw. Les sessions prévues au cours des trois jours permettront aux participants d’explorer des modèles d’interopérabilité adaptés aux réalités des CTD et d’échanger sur les bonnes pratiques en matière de TIC.
La cybersécurité : un impératif absolu
L’utilisation croissante des TIC au Cameroun nécessite une vigilance accrue en matière de cybersécurité. L’ANTIC, à travers ses activités de sensibilisation, d’audit et de certification, veille à renforcer la sécurité du cyberespace camerounais. Le Professeur Ebot Ebot Enaw a notamment mis en lumière la solution Doc@authANTIC, qui garantit l’intégrité et l’authenticité des documents grâce à un QR code sécurisé. Ce dispositif, selon lui, devrait être adopté par toutes les institutions représentées.
Recherche appliquée et échanges d’expériences
Ce forum n’est pas seulement une vitrine des réalisations de l’ANTIC. Il se veut aussi un cadre scientifique et technique où les enseignants-chercheurs et les professionnels des TIC conjuguent leurs expertises. Au programme : des présentations de projets de recherche basés sur les données collectées par l’ANTIC, ainsi que des retours d’expériences de responsables TIC sur la transformation numérique dans leurs structures respectives.
Perspectives pour l’émergence de 2035
L’ambition du Cameroun est claire : devenir une économie émergente d’ici 2035. Pour y parvenir, la digitalisation devra jouer un rôle central dans l’optimisation des services publics et privés. « Ce forum est une étape clé dans notre marche vers l’émergence. Il nous permettra d’identifier des solutions concrètes pour accélérer la transformation digitale de notre pays », a conclu le Professeur Ebot Ebot Enaw. Alors que les travaux se poursuivent jusqu’au 22 novembre, les participants repartent avec l’espoir qu’un nouvel élan sera donné au numérique au Cameroun, dans un esprit de collaboration et d’innovation.