À l’occasion de la Semaine internationale de l’investisseur (SIIC) 2024, la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf) a mené une campagne de sensibilisation auprès des grandes écoles et universités du Cameroun. Placée sous le thème de la finance digitale et durable, cette initiative vise à préparer les futurs investisseurs aux enjeux de la transformation numérique et aux défis environnementaux.
La Semaine internationale de l’investisseur de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), organisée du 19 au 22 novembre 2024, a mobilisé plusieurs institutions camerounaises, notamment l’Université catholique de l’Afrique centrale, l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (Iric), et l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam).
Sous la présidence de Jacqueline Adiaba Nkembe, présidente de la Cosumaf, les débats ont porté sur des thèmes stratégiques tels que la finance digitale, les crypto-actifs et la finance durable. « Sensibiliser les étudiants à l’importance de la finance digitale et durable est essentiel pour nos économies. Ils sont les investisseurs et entrepreneurs de demain », a-t-elle déclaré lors des échanges.
Au Cameroun, l’utilisation des cryptomonnaies gagne du terrain. Une étude de 2022 du ministère des Finances révèle que 6,76 % de la population active, soit près de 900 000 Camerounais, investissent dans ces actifs numériques avec des montants moyens atteignant 800 000 francs CFA. Cette adoption rapide s’explique par des promesses de rendements attractifs, parfois jusqu’à 150 000 francs CFA par semaine.
Cependant, cette tendance s’accompagne de risques importants. Fraudes, escroqueries et systèmes de Ponzi prolifèrent en l’absence d’une régulation stricte. La Cosumaf a donc mis l’accent sur l’éducation des étudiants pour qu’ils apprennent à identifier ces dangers. « Un bon investisseur est celui qui connaît les risques liés aux instruments financiers », a rappelé Mme Adiaba Nkembe.
Au-delà des crypto-actifs, la SIIC 2024 a mis en avant la finance durable. Face aux défis environnementaux croissants, tels que les inondations, cette approche apparaît comme une nécessité. Selon la présidente de la Cosumaf, investir de manière responsable est à la fois une obligation éthique et une stratégie d’avenir.
« Il est crucial de sensibiliser les futurs investisseurs à l’impact environnemental de leurs choix financiers », a-t-elle souligné. La finance durable ne se limite pas à protéger l’environnement : elle vise aussi à promouvoir une croissance économique équitable et résiliente.
Avec la digitalisation croissante des services financiers, les étudiants, qui deviendront les leaders économiques de demain, doivent maîtriser les nouveaux outils et en comprendre les implications. Pour Edgar Patrick Abane Engolo, représentant du ministère de l’Enseignement supérieur, « l’intégration de la finance digitale dans les programmes de formation est indispensable pour préparer cette génération à naviguer dans un environnement financier en pleine mutation ».
Les interventions de la Cosumaf ont permis d’aborder des thèmes cruciaux comme la sécurité des transactions et les approches prudentes face à la volatilité des crypto-actifs. Dans cette optique, l’éducation financière constitue un levier essentiel pour prévenir les dérives et encourager des pratiques d’investissement responsables.
Enfin, l’événement a aussi mis en lumière le potentiel de la gestion collective. Ce modèle offre des solutions innovantes pour diversifier les placements et renforcer leur sécurité. Pour la Cosumaf, il s’agit d’un moyen efficace de canaliser l’épargne des ménages vers des projets structurants au service du développement économique régional.
Avec cette initiative, la Cemac affirme son ambition de construire un marché financier intégré, résilient et inclusif. En éduquant les jeunes générations aux réalités de la finance digitale et durable, elle se positionne comme un acteur clé de la modernisation économique en Afrique centrale.