Le projet de construction de la section urbaine de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen, longtemps en suspens, prend un nouvel élan. L’entreprise française Razel a été chargée de conduire des travaux préliminaires, incluant une déviation au Bois Sainte Anastasie et l’aménagement des sites de relocalisation. Mais des retards et des défis persistent, suscitant des interrogations quant au respect du calendrier prévu.
La construction de la section urbaine de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen, d’une longueur de 12,3 km, a été marquée par plusieurs années de stagnation en raison de problèmes de financement. La pose de la première pierre, le 18 décembre 2023, a marqué le début d’une phase nouvelle et prometteuse, soutenue par des instructions claires du Premier ministre Joseph Ngute, données lors d’un Conseil de cabinet en février 2024. « Le Premier ministre a donné des consignes pour que toutes les conditions soient réunies et permettre ainsi le démarrage effectif des travaux dès avril 2024 », a rappelé la ministre de l’Habitat et du Développement Urbain, Célestine Ketcha Courtès.
L’entreprise française Razel a été désignée pour exécuter les travaux de déviation du canal du Bois Sainte Anastasie et l’aménagement des espaces destinés aux relocalisations à Olezoa. Un budget de 6,1 milliards de FCFA, financé par le ministère de l’Habitat et du Développement Urbain (Minhdu), a été mobilisé pour ces travaux. Depuis plusieurs semaines, les chantiers ont envahi le Bois Sainte Anastasie, transformant cet espace vert central en une zone de travaux intensifs. L’objectif est de relier l’ancienne voie à la route de Bastos tout en contournant cette zone pour fluidifier la circulation.
Annoncés en mars 2024, les travaux d’aménagement ont pris un certain retard. Lors d’une réunion présidée par Mathurin Nna, Secrétaire général du Minhdu, le tracé précis de cette section urbaine a été révélé, avec un début prévu au Carrefour des 3 statues, dans le quartier de Mvolyé. Un échangeur est prévu à cet endroit stratégique pour améliorer la circulation dans cette partie très active de la ville.
Les commerçants, touchés par ces aménagements, verront leur activité déplacée vers Etoa ou à l’arrière du marché de Mvog Atangana Mballa. D’autres habitants seront relogés près de l’hôpital Bethesda, en périphérie de la nouvelle route Bastos. Toutefois, des retards dans le versement des indemnités continuent de susciter des frustrations parmi les populations impactées.
Avant de lancer le chantier, le Minhdu a tenu à obtenir toutes les autorisations environnementales nécessaires. Entre le 13 et le 18 mai 2024, des audiences publiques ont permis de présenter l’étude d’impact environnemental et social du projet. Ces séances ont été des occasions pour la population d’exprimer ses préoccupations, intégrées dans un rapport validé par le ministère de l’Environnement. Le certificat de conformité environnementale, obtenu à la suite de ces consultations, a ainsi marqué un jalon indispensable pour le début des travaux.
La section urbaine de l’autoroute est subdivisée en trois lots, chacun comportant des défis techniques importants. Le premier tronçon, de l’échangeur Ahala à Échangeur 3 statues sur 6,2 km, est en charge de l’entreprise Buns. Razel s’occupe des lots suivants, incluant des travaux au niveau de la Poste centrale et du Carrefour Tsinga. Trois grands ouvrages doivent être réalisés pour fluidifier le trafic, incluant un échangeur souterrain au niveau des 3 statues, similaire à celui de Nlongkak. L’avancée des travaux reste néanmoins lente, huit mois après leur lancement initialement prévu. L’objectif fixé dans le Document de programme d’investissement prioritaire (PIP) 2024-2026 est que ces travaux se terminent en 2027, pour un coût global estimé à 379 milliards de FCFA.
Le projet de la section urbaine de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen incarne une promesse de modernisation et de fluidité dans la capitale camerounaise. Pourtant, les retards persistants, les répercussions sur les populations locales et les défis financiers continuent de peser sur cette entreprise ambitieuse. L’avenir de ce chantier dépendra de la capacité du gouvernement et des entreprises en charge à respecter les échéances et à tenir compte des préoccupations des citoyens.