Le président camerounais Paul Biya a donné son feu vert pour un prêt de 49 milliards de FCFA auprès de la banque Eksport Finance de Norvège. Ce financement vise à réhabiliter et étendre les infrastructures de production et de distribution d’eau potable à Japoma, un quartier de Douala, la capitale économique du Cameroun. Cette initiative s’inscrit dans un effort national plus large pour résoudre la crise de l’eau dans les grandes agglomérations du pays.
Dans un contexte où Douala, la plus grande ville du Cameroun, connaît une demande croissante en eau potable, le gouvernement intensifie ses efforts pour améliorer l’accès à cette ressource essentielle. Le 17 octobre 2023, le président Paul Biya a signé un décret autorisant la signature d’un prêt de 49 milliards de FCFA avec Eksport Finance, une banque norvégienne. Ce financement sera dédié à la réhabilitation de la station d’adduction d’eau potable de Japoma. Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une stratégie nationale visant à moderniser les infrastructures d’eau potable, notamment dans les grandes villes et les zones périurbaines. Le réseau d’eau de Douala, vieillissant et insuffisant, est au cœur des préoccupations des autorités. Actuellement, la ville dispose d’une capacité de production journalière estimée à 303 400 m³ d’eau potable, selon les données de 2021. Pourtant, cette capacité ne suffit plus à répondre aux besoins croissants de la population et des industries locales.
« La ville de Douala est une très grande agglomération : Nous allons réhabiliter la station de Massoumbou, qui va augmenter la capacité de 60 000 mètres cubes. Nous allons réhabiliter 20 forages industriels qui vont ajouter 40 000 mètres cubes. Nous allons réhabiliter et étendre la station de Japoma, qui apportera 68 000 mètres cubes supplémentaires », a déclaré Blaise Moussa, directeur général de la Cameroon Water Utilities (Camwater). Ces travaux visent à améliorer la situation actuelle et à préparer l’avenir avec l’ajout de 568 000 m³ d’eau par jour.
Un enjeu économique et industriel
Au-delà des ménages, l’eau potable est également un facteur clé pour le développement industriel. Le secteur de la métallurgie et de la sidérurgie, pilier de l’économie locale, fonctionne actuellement en dessous de sa capacité optimale à cause des pénuries d’eau. « Si nous mettons à disposition plus d’eau potable industrielle dans la zone de Bassa et Bonabéri, la production sidérurgique principale et dérivée va s’accroître, renforçant ainsi la politique d’import substitution », a expliqué Blaise Moussa. L’amélioration de l’approvisionnement en eau potable dans ces zones industrielles contribuerait à stimuler la production locale, renforçant la compétitivité du Cameroun sur la scène internationale, tout en soutenant la croissance économique nationale.
Ce projet à Japoma n’est pas une initiative isolée. Il s’ajoute à une série d’investissements majeurs lancés par le gouvernement pour résoudre les défis liés à l’accès à l’eau potable dans tout le pays. En 2023, le projet d’alimentation en eau potable de Yaoundé, à partir du fleuve Sanaga (Paepys), a déjà été mis en service, marquant une étape importante dans les efforts du gouvernement. À Douala, le méga projet présidentiel en cours devrait permettre une augmentation de la production d’eau à 703 400 m³ par jour, offrant ainsi une réponse durable aux besoins futurs de la ville.
Camwater en première ligne des efforts
Camwater, l’entreprise publique responsable de la gestion de l’eau potable en milieu urbain et périurbain, joue un rôle central dans ces projets. Son directeur général a récemment annoncé un programme d’amélioration de l’accès à l’eau potable sur tout le territoire national. « Nous prévoyons de finaliser 8 000 raccordements en attente d’ici novembre 2024 et de déployer 200 000 nouveaux raccordements d’ici novembre 2025 », a-t-il affirmé. L’entreprise prévoit également d’installer 20 000 compteurs intelligents pour améliorer la gestion et la distribution de l’eau, tout en garantissant une meilleure qualité de service aux consommateurs.
Malgré ces avancées, le défi reste de taille. Douala, ville en pleine expansion, continue d’attirer des habitants et des investisseurs, mettant ainsi une pression supplémentaire sur les infrastructures existantes. Le projet de réhabilitation de Japoma, couplé à d’autres initiatives dans les quartiers industriels, constitue une réponse partielle à ces défis. Le succès de ces projets dépendra de la capacité des autorités à gérer efficacement les ressources financières et humaines mobilisées. Avec une production accrue d’eau potable, Douala pourra non seulement répondre aux besoins de sa population, mais aussi renforcer son positionnement économique en Afrique centrale.
