Malgré une volonté affichée de doubler son portefeuille au Cameroun dans les cinq prochaines années, la Banque africaine de développement (BAD) doit faire face à des pesanteurs persistantes qui freinent l’exécution des projets et impactent le développement des populations.
Depuis 1972, la coopération entre le Cameroun et la Banque africaine de développement (BAD) a permis d’établir un portefeuille de près de 4,9 milliards de dollars, équivalents à environ 2 960 milliards de Fcfa. Actuellement, 23 projets sont en cours, représentant un investissement de 1 500 milliards de Fcfa. En 2024, la BAD se positionne comme le deuxième prêteur multilatéral du Cameroun, juste derrière la Banque mondiale. Ce partenariat devrait prendre de l’ampleur, avec des objectifs ambitieux d’atteindre 6 000 milliards de Fcfa dans les cinq prochaines années.
Malgré cette expansion prévue, Serge Marie N’Guessan, directeur de la BAD pour le Cameroun, souligne que des défis majeurs persistent. Lenteurs dans l’exécution des travaux, gestion inefficace des ressources et qualité des dépenses sont autant de problématiques qui impactent directement les populations. En conséquence, ces dernières peinent à ressentir les bénéfices des prêts contractés. La priorité a été donnée aux infrastructures, avec 54% du portefeuille alloué au ministère des Travaux publics (Mintp), mais le réseau routier national bitumé n’atteint même pas 9%.
Les insuffisances dans le développement des infrastructures posent un réel obstacle à l’économie camerounaise. Des bassins agricoles essentiels restent enclavés, freinant ainsi la politique d’import-substitution mise en place par le gouvernement. La BAD insiste sur la nécessité d’accélérer la cadence des projets, avec l’ambition de réduire leur durée d’exécution de 7-8 ans à 4-5 ans. Selon N’Guessan, il est crucial de développer des projets bancables qui répondent aux besoins réels des populations.
Le gouvernement et la BAD reconnaissent que le financement n’est pas le problème central. Ce qui est requis, c’est une mobilisation des ressources et une amélioration des capacités d’exécution. N’Guessan fait part de sa confiance en la volonté des autorités camerounaises de surmonter ces obstacles. Toutefois, il rappelle que les plaintes, bien qu’identifiées depuis près de deux ans, demeurent d’actualité : faiblesse de la maturation des projets, lenteurs dans la passation des marchés et dans le déblocage des fonds de contrepartie.
À l’occasion de la 50ème revue trimestrielle des projets financés par la BAD, tenue à Douala en février 2023, l’accent a été mis sur l’urgence de transformer ces défis en opportunités. La BAD réaffirme son engagement à accompagner le Cameroun dans la mise en œuvre de projets structurants qui profitent réellement aux populations. L’objectif ultime est de redynamiser le secteur des infrastructures pour favoriser un développement inclusif et durable, bénéfique à tous les Camerounais.
En conclusion, si les ressources financières sont disponibles, leur utilisation efficace reste cruciale pour transformer les promesses de développement en réalité palpable pour les Camerounais.