Le Cameroun a connu une augmentation de ses importations de maïs en 2023, avec un volume qui a explosé de 229%, atteignant ainsi un pic inédit depuis cinq ans.
L’année 2023 marque un tournant pour le marché céréalier camerounais avec une hausse considérable des importations de maïs, selon le dernier rapport de l’Institut national de la statistique (INS). Le volume importé a atteint le chiffre record de 39 991,3 tonnes, représentant une augmentation de 229% par rapport à l’année précédente. Cette quantité substantielle a entraîné une dépense de 7,8 milliards de FCFA, signe d’une dynamique économique forte autour de cette céréale essentielle.
L’INS souligne que ce volume est le plus important enregistré depuis 2018, surpassant le précédent record de 2021 qui affichait 34 100 tonnes. Les années 2018 à 2020 avaient vu des importations bien moindres, oscillant entre 13 700 et 19 600 tonnes. Cette croissance soudaine des importations de maïs pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs.
D’une part, la Compagnie fermière du Cameroun (CFC), filiale de la Société anonyme des boissons du Cameroun (SABC) et contrôlée par le groupe français Castel, a mis en service une maïserie en novembre 2021. Avec une capacité de production annuelle de 30 000 tonnes de gritz de maïs, nécessaire à la fabrication de la bière, la CFC a pour objectif de réduire les importations en satisfaisant la demande locale.
Pour assurer un approvisionnement constant, la CFC a pris l’initiative de soutenir entre 30 000 et 40 000 agriculteurs pour cultiver du maïs sur environ 12 000 hectares. Cette production locale est complétée par les achats auprès de Maïscam, producteur établi dans la région de l’Adamaoua, qui fournit environ 10 000 tonnes de maïs par an.
Cependant, malgré ces efforts, l’année 2023 a vu une augmentation massive des importations. Deux raisons principales sont avancées: un ralentissement potentiel de la production de Maïscam ou des coopératives partenaires de la CFC, et une demande croissante de la part des opérateurs de la filière avicole, où le maïs constitue 80% de l’alimentation animale.
Cette situation met en évidence les défis auxquels est confronté le secteur agricole camerounais, tiraillé entre le soutien à la production locale et la nécessité de répondre à une demande croissante. Les implications de cette hausse des importations sont multiples, affectant à la fois l’économie nationale et la stratégie de développement agricole du pays
Cassandra EYADA