Les travaux du Comité de Politique Monétaire se sont ouverts le 27 mars 2023 à Yaoundé sous l’égide de Abbas Mahamat Tolli, Gouverneur de la BEAC et Président statutaire dudit comité. Évocation des contours de ces travaux.
L’objectif global de ces travaux tel qu’exprimé par le comité réside dans l’examen de l’évolution de la conjoncture économique au niveau international et sous-régional en prenant en compte les perspectives macroéconomiques.
Alors que les prévisions donnent l’aperçu d’une hausse de l’inflation à 6,4% d’ici fin décembre 2023, le Comité de Politique Monétaire, conformément à l’objectif de stabilité interne de la monnaie à décidé de la mise sur pied de deux mesures phares à savoir le relèvement des points de bases à 50 puis le maintien inchangé des taux de facilité de dépôt et les coefficients de réserves obligatoires.
De manière détaillé, il s’agira du taux d’intérêt des appels d’offres qui passera de 4,50% à 5,00% ; le taux de la facilité de prêt marginal de 6,25% à 6,75% en ce qui concerne le relèvement à 50 points des points de base tout en associant le maintien inchangé du taux de la facilité de dépôt à 0,00% ; les coefficients des réserves obligatoires à 7,00% sur les exigibilités à vue et 4,50% sur les exigibilités à terme.
Pour mieux cerner ces perspectives macroéconomiques, il faut tour à tour questionner le cadre international et sous-régional.
D’un point de vue international, les perspectives de l’économie mondiale au regard du Fonds Monétaire International et en confert avec le rapport de Janvier 2023, se fondent sur une croissance en dents de scie avec des données de 6,2% en 2021 à 2,9% en 2023, avant de remonter à 3,1% en 2024.
Par ailleurs, les tensions inflationnistes devront s’accentuer tout au long de l’année 2023 et ce dans la plupart des économies, mobile évoqué le resserrement des politiques monétaires et le fléchissement des prix de l’énergie et des produits alimentaires.
Au plan sous-régional, le Comité de Politique Monétaire fait l’écho d’une poursuite significative de la reprise des activités économiques malgré la hausse perpétuelle du niveau général des prix.
À cet effet, la BEAC planche sur une croissance économique de 2,7% en 2023 contrairement au 2,9% en 2022. Il est à noter que cette croissance s’est effectué grâce au dynamisme du secteur non pétrolier, une augmentation du taux d’inflation en moyenne annuelle à 6,4% en 2023, avec toile de fond une forte contribution des produits alimentaires et boissons non alcoolisées qui est passée à 18,0% contre 5,6% un an auparavant.
De plus, l’on a noté un repli de l’excédent du solde budgétaire global de 2,5% du Produit Intérieur Brut en 2022 contre 1,9% en 2021, un repli prenant aussi en compte les dons sans omettre le compte courant qui reviendrait à 0,9% du PIB en 2023 après 7,4% en 2022.
En ce qui concerne la monnaie, la masse monétaire et le crédit à l’économie, la Beac évoque une augmentation respective comprise entre 9,9% et 10,01%; avec en pôle un taux de couverture extérieure de la monnaie qui s’établirait à 77,0% contre 73,1% en décembre 2022, les réserves de change feront également une mutation avec une couverture évaluée à 4,9 mois d’importations de biens et services en 2023 contre 3,9 en 2022.
Toujours dans le contexte sous-régional, le marché monétaire observera des mouvements tel qu’indique le Comité de Politique Monétaire.
En effet, on observera une défragmentation significative du marché interbancaire puis une hausse significative des transactions au regard de l’encours mensuel moyen de 472,9 milliards de janvier 2023 contrairement aux 372,9 milliards d’octobre 2022 ; un repli du taux d’intérêt moyen pondéré (TIMP) de 6,09% à 7 jours des opérations en blanc; une augmentation du taux d’intérêt moyen pondéré des opérations de pension-livrée de 4,50% à 5,00%.
En outre, une progression de l’encours des titres publics de 12,8% à 5 314,7 milliards entre janvier 2022 et janvier 2023 ; un accroissement des coûts des émissions pour l’ensemble des instruments mobilisés par les Trésors publics ; et un renforcement du dynamisme du marché secondaire des titres publics qui consacre une part des titres détenus par les investisseurs institutionnels et les particuliers à 17,5% au 31 janvier 2023 contre 10,6% en 2022 , tels sont les données et les leviers macro-économiques qui font l’état des lieux sur le plan sous-régional.
En bref, l’année 2023 présente une bagatelle de défis et de perspectives macro-économiques économiques tant sur le plan sous régional qu’international, et la sous-région CEMAC semble prête à affronter ces mutations tout azimuts.
Martial OBIONA