En réponse à une question orale du Sénateur Malloum Bra, le ministre des Travaux Publics a détaillé les mesures mises en œuvre pour limiter la dégradation des routes en terre et contrôler la circulation des poids lourds, notamment en saison de pluie. L’accent a été mis sur l’incivisme des usagers, la réglementation en vigueur, et les projets en cours pour garantir la durabilité des infrastructures routières.
Avec un réseau routier de 121 873 km dont plus de 111 000 km restent des routes en terre, le Cameroun fait face à un défi majeur : maintenir ces infrastructures praticables tout au long de l’année. Les axes routiers comme Fotokol-Kousseri, Dabanga-Kousseri et Kerawa-Mora, essentiels pour les échanges économiques et sociaux, sont régulièrement affectés par des flux incontrôlés de véhicules lourds. Ces routes, souvent soumises à des charges dépassant les limites légales, subissent des dégradations accélérées, aggravées par les pluies saisonnières. Entre 2019 et 2023, le pays a livré 1 656 km de nouvelles routes bitumées sur une cible de 2 400 km. Les projets de bitumage se poursuivent, mais les infrastructures non asphaltées continuent d’être particulièrement vulnérables.
Mesures de contrôle et réglementation stricte
Pour pallier ces défis, le ministère des Travaux Publics a rappelé les exigences légales : la charge maximale à l’essieu ne doit pas excéder 13 tonnes pour un essieu simple et 50 tonnes pour un ensemble routier. Sur les routes en terre, des barrières de pluies sont instaurées pour limiter la circulation des véhicules de plus de 3,5 tonnes durant la saison des pluies. Ces barrières, placées sous la responsabilité de l’État, des conseils régionaux et des maires, visent à protéger les chaussées. Cependant, l’incivisme des usagers demeure un obstacle majeur. Des camionneurs, parfois soutenus par des complicités locales, contournent ces mesures, endommageant les routes de façon irréversible. À titre d’exemple, des engins hors gabarit ont été immobilisés à Kousseri et Pitoa grâce à l’intervention des forces de sécurité.
Des projets de réhabilitation ambitieux
Le gouvernement a lancé des travaux de reconstruction sur plusieurs tronçons clés. La réhabilitation de la route Mora-Dabanga-Kousseri, financée à hauteur de 172 milliards de francs CFA par la Banque mondiale, est en cours. Le projet comprend cinq sections, dont le contournement de Kousseri, et prévoit l’aménagement d’un pont à Tildé. Parallèlement, des stratégies d’entretien durable des routes en terre ont été adoptées. Ces initiatives, appuyées par des partenariats internationaux, intègrent l’utilisation de produits innovants pour renforcer les chaussées et limiter l’impact des conditions climatiques.
Vers une responsabilisation des usagers
Pour garantir la durabilité des infrastructures, des sanctions fermes sont prévues contre les contrevenants. La loi de 2022 sur la protection du patrimoine routier prévoit des amendes allant jusqu’à 2 millions de francs CFA pour surcharge et 250 000 francs CFA pour le non-respect des barrières de pluies. Malgré cela, ces pénalités ne compensent pas les dégâts causés. Le ministre des Travaux Publics a insisté sur la nécessité d’une mobilisation collective. Il appelle les institutions, les usagers et les riverains à adopter des comportements responsables pour protéger les routes. « La qualité de nos routes est un bien commun. Nous devons éradiquer les comportements inciviques, tels que le phénomène des « camions bateaux » », a-t-il souligné.
Les routes en terre du Cameroun, essentielles pour le désenclavement et le développement économique, nécessitent une attention particulière. La question posée par le Sénateur Malloum Bra met en lumière un défi national : conjuguer discipline citoyenne et efforts gouvernementaux pour préserver ces infrastructures vitales.
Avec les mesures en cours, les efforts de sensibilisation, et l’application rigoureuse des sanctions, le ministère des Travaux Publics espère inverser la tendance et assurer une meilleure durabilité du réseau routier national.