Signée le 18 novembre 2024 à Yaoundé après cinq ans de négociations, la nouvelle convention collective nationale des employés des banques et établissements financiers du Cameroun marque un tournant historique. Revalorisation des salaires de 6 %, amélioration des indemnités et modernisation des conditions de travail : ce document promet des progrès significatifs pour les travailleurs, malgré des défis persistants à surmonter.
Le secteur bancaire camerounais célèbre un compromis social attendu depuis 2019. La signature de cette convention collective entre le Syndicat national des employés, gradés et cadres de banques et établissements financiers du Cameroun (Snegcbefcam) et l’Association professionnelle des établissements de crédit du Cameroun (Apeccam) consacre plusieurs avancées. Malgré le contexte économique difficile marqué par la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, la guerre en Ukraine et l’inflation, les deux parties ont pu convenir de mesures visant à réconcilier impératifs économiques et aspirations sociales.
Une revalorisation salariale et des indemnités améliorées
L’une des principales résolutions est l’augmentation des salaires de 6 % pour toutes les catégories socioprofessionnelles à compter de 2024. Cette progression succède à une hausse de 5 % en 2022. Les indemnités des employés connaissent également une revalorisation : L’indemnité compensatrice de logement passe d’un tiers à 40 % du salaire échelonné. L’allocation de logement pour les agents non logés augmente à 40 % du salaire échelonné. L’indemnité mensuelle de transport grimpe de 50 000 à 60 000 francs CFA.
Modernisation des conditions de travail
La convention collective apporte des changements notables dans la gestion du travail intérimaire et temporaire. Par exemple, la durée d’intérim pour un poste à classification supérieure est désormais limitée à 24 jours ouvrés au lieu de 30 jours calendaires. Par ailleurs, les diplômes et certifications obtenus par les employés seront désormais pris en compte dans les reclassifications après une évaluation, témoignant d’une reconnaissance accrue des compétences acquises.
Renforcement des droits syndicaux
Une avancée significative réside dans le renforcement de la liberté syndicale, permettant aux employés d’adhérer librement à un syndicat de leur choix. Cependant, des tensions subsistent : certaines banques continuent de restreindre l’accès aux syndicats. Face à cette situation, Isaac Bissala, président du Snegcbefcam, avertit que des actions syndicales pourraient être envisagées si les entreprises ne respectent pas ces droits fondamentaux.
Des défis persistants à relever
Malgré les progrès réalisés, plusieurs enjeux demeurent. La nécessité de réviser le cours du travail pour intégrer de nouvelles formes d’emploi et de moderniser davantage la classification professionnelle est soulignée par les parties prenantes. Pour Isaac Bissala, « la signature des conventions collectives ne suffit pas : leur application effective est essentielle pour garantir une concurrence loyale entre les entreprises ». Gwendoline Abunaw, présidente de l’Apeccam, voit dans cette convention une étape cruciale pour le secteur bancaire camerounais : « C’est un grand succès d’arriver enfin à cette signature, surtout dans un contexte économique si complexe. » Elle insiste sur la nécessité de maintenir un dialogue constructif entre employeurs et salariés afin de résoudre les questions restantes.
Alors que cette convention marque un jalon important, sa mise en œuvre et le suivi de ses dispositions détermineront son véritable impact sur la transformation des conditions de travail dans le secteur bancaire camerounais.