Entre 2016 et 2023, le Cameroun a enregistré des avancées majeures dans la construction de nouvelles infrastructures routières, totalisant plus de 2 075 km de routes bitumées. Malgré ce progrès notable, le pays reste confronté à d’importants défis pour moderniser et étendre son réseau routier. Des efforts soutenus sont nécessaires pour atteindre les objectifs ambitieux de la Stratégie nationale de développement 2020-2030.
Le ministère des Travaux publics (Mintp) a confirmé que, durant la période 2016-2023, le Cameroun a achevé la construction et la mise en service de 2 075,19 km de routes bitumées. Ces infrastructures jouent un rôle crucial pour le développement économique et social du pays. Parmi les projets notables figurent la route Numba-Bachuo-Akagbe (52,50 km) et la route Bamenda-Batibo-Numba (63 km), qui renforcent l’axe stratégique reliant le Cameroun au Nigeria via le corridor Bamenda-Enugu. En outre, la route Edéa-Kribi (Lot 1), d’une longueur de 38,50 km, relie la ville d’Edéa au port en eaux profondes de Kribi. Cet accès est essentiel pour le développement économique et l’acheminement des marchandises entre les régions du Littoral et du Sud.
Impact sur les zones rurales et grandes agglomérations
Les infrastructures récemment construites ont permis de désenclaver de nombreuses zones rurales et d’améliorer la circulation dans les grandes villes. L’aménagement des entrées Est et Ouest de Douala, ainsi que la première phase de l’autoroute Yaoundé-Douala (60 km), ont significativement réduit les temps de trajet entre la capitale politique et la métropole économique. La route Olama-Kribi (106,15 km), encore en cours, est une autre initiative clé visant à faciliter le transport de marchandises lourdes entre Yaoundé et le port de Kribi. Parallèlement, la réhabilitation de la route Maroua-Bogo (34,84 km), dans l’Extrême-Nord, améliore l’accès aux zones agricoles et halieutiques telles que Guirvidik, Maga et Pouss.
Un réseau routier en progression, mais encore insuffisant
Selon le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, le Cameroun comptait, au 31 décembre 2023, 10 234,94 km de routes bitumées. Ce chiffre a été revu à 10 225,58 km en février 2024, soit seulement 8,39 % du réseau routier total estimé à 121 873 km. Cette proportion souligne l’ampleur des défis restants pour étendre et moderniser le réseau routier du pays. Les routes nationales représentent plus de la moitié (5 798,69 km), tandis que les autoroutes, encore limitées, totalisent 109 km. Les routes régionales et communales s’étendent respectivement sur 1 606,08 km et 2 711,81 km.
Objectifs pour 2030 et défis à relever
Dans le cadre de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30), le Cameroun vise à bitumer 6 000 km supplémentaires d’ici 2030. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement prévoit d’accélérer la cadence avec un plan de bitumage de 1 888,72 km de nouvelles routes entre 2024 et 2026. La Stratégie intégrée des infrastructures de transport multimodal (S2ITM) fixe des objectifs ambitieux : 656,96 km en 2024, 414,6 km en 2025 et 817,16 km en 2026.
Cependant, ces plans nécessitent un financement conséquent, des ressources humaines qualifiées et une bonne coordination des projets. Les autorités camerounaises doivent également faire face aux défis posés par les conditions climatiques, les terrains difficiles et la sécurisation des zones affectées par les tensions sociopolitiques. Malgré des avancées notables, le chemin reste long pour atteindre une couverture routière capable de soutenir efficacement la croissance économique et l’intégration régionale. Le Cameroun, en pleine transformation, devra redoubler d’efforts pour combler les lacunes restantes et renforcer son réseau de transport au profit de sa population et de ses ambitions économiques.