Malgré les infrastructures existantes, le Cameroun souffre d’un coût élevé de l’Internet mobile, pénalisant les petites et moyennes entreprises (PME) et freinant l’innovation. Un rapport révèle que le pays se classe parmi les plus chers d’Afrique pour la connectivité.
Selon une étude du cabinet londonien Cable.co.uk, le Cameroun occupe la 36ᵉ place en Afrique et la 140ᵉ au niveau mondial en termes de coût d’un gigaoctet de données mobiles, avec un tarif moyen de 1,63 dollar (plus de 980 FCFA). Ce prix est quatre fois supérieur à celui du Ghana (0,40 dollar) et reste également bien plus élevé que dans d’autres pays africains tels que le Rwanda (0,55 dollar) ou le Maroc (0,63 dollar). Ces tarifs alourdissent le budget des PME, déjà limitées, et freinent leur développement.
Les PME camerounaises, souvent en proie à des ressources limitées, se voient contraintes de consacrer une part significative de leur budget aux frais de connectivité. Une source au ministère des PME souligne que cela nuit à leur capacité d’investissement dans des domaines cruciaux comme la recherche et le développement. Le rapport du ministère de l’Économie indique que l’accès à Internet de qualité est désormais essentiel à la compétitivité des entreprises.
La ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, a récemment souligné les problèmes croissants de qualité de service, avec des coupures fréquentes et des connexions lentes. Ces défaillances perturbent la vie quotidienne et entravent le développement de l’économie numérique camerounaise. Malgré les engagements des opérateurs de télécommunications pour remédier à ces problèmes, les résultats demeurent insuffisants.
Malgré ces défis, le Cameroun dispose d’une infrastructure potentielle sous-exploitée. Le pays est connecté à quatre câbles sous-marins à fibre optique, mais seulement 15 % de la capacité du câble SAT3 et 30 % de celle du câble WACS sont utilisés. La Société financière internationale (SFI) a mis en lumière ce paradoxe, notant le besoin urgent d’investissements pour moderniser les réseaux de fibre optique.
Lors d’une tournée d’évaluation, Minette Libom Li Likeng a insisté sur la nécessité pour les opérateurs d’investir dans l’amélioration des infrastructures de télécommunication. Le gouvernement explore également la possibilité d’accueillir de nouveaux opérateurs pour favoriser la concurrence et améliorer la qualité et le coût des services. Cela pourrait offrir une bouffée d’air frais pour les PME, tout en renforçant l’écosystème entrepreneurial du pays.
La situation actuelle du coût de l’Internet au Cameroun représente un véritable obstacle à l’émergence d’un secteur entrepreneurial dynamique. La mise en œuvre de réformes et d’investissements dans les infrastructures de télécommunication est essentielle pour transformer ce défi en opportunité. Sans une connectivité abordable et de qualité, le Cameroun risque de stagner dans un monde de plus en plus digitalisé.