Le Port Autonome de Kribi (PAK) se lance dans une ambitieuse levée de fonds de 1312 milliards de FCFA sur les marchés financiers internationaux pour financer la troisième phase de son développement et la création d’une zone industrielle intégrée, visant à renforcer sa compétitivité dans le golfe de Guinée.
Le Port Autonome de Kribi (PAK), l’un des acteurs clés de l’économie camerounaise, est en pleine effervescence financière. Après avoir investi plus de 302 milliards de FCFA dans sa première phase de construction, le PAK ne lésine pas sur les moyens pour sa phase 2, actuellement en cours, avec une contribution significative de Kribi Conteneurs Terminal de près de 69 milliards de FCFA. L’objectif est clair : augmenter la capacité du terminal à conteneurs pour atteindre entre 800 000 et 1 million d’EVP.
Mais c’est la phase 3 qui attire tous les regards. Patrice MELOM, à la tête du PAK, a révélé lors de l’Africa Capital Markets Forum, un plan d’investissement colossal de 1312 milliards de FCFA, destiné à financer non seulement la prochaine phase du port mais aussi la création d’une zone industrielle intégrée (ZIIPK). Ce projet pharaonique, estimé à 548 milliards de FCFA, vise à aménager une superficie de 1500 hectares selon les standards internationaux des zones économiques spéciales.
Pour réaliser cette vision, Patrice MELOM mise sur un montage financier et institutionnel innovant, impliquant la création d’une société de projet (SPV) qui se chargera du financement, de la construction, de l’exploitation et de la maintenance de la ZIIPK. Les fonds nécessaires seront mobilisés auprès d’acteurs privés de renom, du PAK en tant que co-actionnaire, et d’institutions financières internationales.
Le secteur privé jouera un rôle crucial, avec des contributions attendues d’investisseurs internationaux, d’établissements financiers et de particuliers, à travers des placements privés et potentiellement un appel public à l’épargne sur le marché financier de la CEMAC. Le PAK a déjà initié des discussions avec des acteurs clés, envisageant une combinaison de partenariats public-privé et de financements de marché.
Cependant, le PAK est conscient des limites réglementaires actuelles qui restreignent l’utilisation pleine et entière du marché financier. Patrice MELOM pointe du doigt l’impossibilité actuelle de recourir à des opérations de titrisation des créances, une pratique courante sur la BRVM en zone UEMOA, qui rend cette bourse plus attractive que la BVMAC. Des démarches sont en cours auprès de la COSUMAF pour remédier à cette situation, et le PAK espère une résolution rapide pour avancer dans ses projets.
Le Port Autonome de Kribi se positionne ainsi non seulement comme un hub logistique majeur mais aussi comme un acteur innovant sur le marché financier. La réussite de cette levée de fonds sera déterminante pour l’avenir du port et pourrait marquer un tournant dans le développement économique du Cameroun et de la sous-région.
Cassandra EYADA