Le Cameroun se lance dans une quête ambitieuse de financement pour dynamiser son secteur agro-industriel. Le gouvernement, visant à réduire le déficit structurel d’huile de palme, cherche à obtenir 80 milliards FCFA pour ériger une usine de transformation de noix de palme. Cette initiative, cruciale pour répondre à une demande nationale en hausse, a été mise en lumière lors du 4e Cameroon investment forum à Douala.
Le Minepat, aux commandes de ce projet, envisage de développer cette infrastructure dans la région du Sud, intégrant une unité de production d’huile raffinée et une savonnerie. Bien que les études préliminaires soient en cours, l’urgence est palpable. Jacquis Kemleu Tchabgou de l’Asroc souligne un déficit de plus de 160 000 tonnes d’huile de palme, poussant le pays vers une augmentation des importations, qui ont déjà grimpé à 200 000 tonnes en 2023.
La production nationale peine à suivre le rythme de la demande, estimée à 1,17 million de tonnes, avec seulement 360 000 tonnes produites localement. Plus de 60% de cette production provient des plantations industrielles, le reste étant assuré par les plantations villageoises. Le gouvernement a réagi avec un plan de relance de 21,7 milliards de F pour booster la production entre 2024 et 2026, incluant des subventions en équipements pour les agro-industries et la réhabilitation de plantations villageoises.
L’Interpalm-Cam, première interprofession de la filière créée en décembre 2023, incarne l’espoir d’une meilleure coordination pour la qualité et la fixation des prix justes. Avec un budget de relance de 21,7 milliards de Fcfa, le gouvernement prévoit des subventions pour moderniser les équipements de transformation et augmenter les rendements.
Malgré les défis structurels, l’avenir de la filière semble prometteur, notamment grâce à l’engagement récent du secteur privé et la naissance de l’Interpalm-Cam. Ce projet d’envergure, s’il est financé, pourrait marquer un tournant décisif pour l’indépendance économique du Cameroun dans le secteur de l’huile de palme.
Cassandra EYADA