Complexe sportif d’Olembe – Le paradigme moderne des stades inachevés

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Alors que le Ministre des Sports et de l’Education Civique conjointement avec le groupe canadien MAGIL ont effectués une descente sur le site le 13 janvier 2023 ; regard croisé sur l’histoire d’un complexe aux scandales multiples.

Le 29 novembre 2019 ; le groupe canadien Magil reprenait les travaux de construction du complexe d’Olembe à l’italien Piccinni qui venait de se faire jeter à la porte par les bons soins du Ministre des Sports et de l’Education Physique, Narcisse Mouelle Kombi et les objectifs fixés sont très clairement établis.

Un contrat de plus de 55 milliards de FCFA

Dès le 09 décembre 2019, Magil Construction qui s’est installé sur le site déroule sa feuille de route conjointement avec le Ministre des Sports et de l’Education Physique bénéficiant de l’appui institutionnel de la « Task Force » instituée autour du Secrétaire Général de la Présidence de la République, Ferdinand Ngog Ngoh. Le contenu de ce contrat porte sur les travaux d’achèvement du complexe sportif d’Olembe ; sectionné en deux principales phases, le contrat porte sur un montant de 55 milliards avec des assurances des deux parties qui justifient que cette somme permettra la livraison complète des travaux du complexe sportif.

Pour la phase 1, il sera question d’achever la construction du stade principal de 60.000 places les travaux ayant été réalisés à 60% par Groupo Piccini; les terrais d’entrainements, l’hôtel 4 étoiles et des aménagements divers (parkings, voiries, etc.) tout ceci pour un coût estimé à 28 milliards de FCFA. Pour la phase 2, le contrat prévoit la construction de la piscine olympique, le gymnase, des cours de tennis, des terrains de basket et de volley, sans oublier la clôture de l’enceinte. Le budget obtenu de commun accord se chiffre à 22,9 milliards de francs CFA ; à ce montant faut associer un budget de 6,5 milliards de francs CFA représentant les coûts indirects liés au dépenses salariales du personnel non camerounais avec en ajout 4 milliards de francs CFA de plus destinés à la rubrique maintenance et entretien ceci jusqu’à la fin de la Coupe d´afrique des Nations.

D’un montant initial de 168 milliards, Magil qui vient de récupérer le projet de construction du complexe se sait attendus sur les résultats et sollicite plus de 55 milliards de francs FCFA (soit 61.4 milliards de francs CFA calcul mathématique effectué) pour livrer les travaux laissés en berne par Piccini ; qui par ailleurs accuse le premier cité d’avoir obtenu des renseignements confidentiels sur elle afin d’obtenir illicitement, frauduleusement le contrat de construction. Olembe se meurt dans la tristesse. Alors que la livraison de certaines composantes de la phase 1 est prévue pour le mois de juillet 2020 (notamment le stade principal) tel qu’annoncé par Franck Mathière, les premiers signes de la rupture se manifestent.

Des mois durant, le chantier fait du sur place, motif évoqué le manque d’argent ; des fonds qui seront finalement mis à disposition en novembre 2021 au lieu de Mai 2020 via la Standard Chartered Bank prêteur de l’Etat du Cameroun avec le concours de l’assureur- crédit BPI-France, bien que le stade ait été mis en service in extremis pour besoin de la compétition, des finitions importantes restent à effectuer et la maintenance doit être faite sur les panneaux en formes d’écailles qui se détachent de la structure à chaque coup de vent. Dans la foulée de la question financière, les sous-traitants qui ont engagés leurs personnels sur le site du complexe ainsi que les fournisseurs de Magil Construction montent au créneau ; la situation semble tellement intenable car Magil n’a pas régler une créance de plus de 12 milliards auprès des concernés et évoque comme motif que l’Etat du Cameroun n’a pas encore payé ce qui va aboutir à cette correspondance datée fin Février 2022, où un groupe de PME ayant fait travaillés des centaines de personnes pendant plusieurs et sous pression avec les partenaires, les banques ainsi que les employés appelaient à la providence de l’Etat en ces termes « Nous appelons l’Etat au secours car tout est larmes, désolation et désespoir » ; le cas de Razel-Bec réclamant près de 10 milliards de francs CFA à Magil Construction est assez illustratif. Comment comprendre autant de frasques lorsqu’on sait que Magil Construction a déjà perçu 42 milliards de francs CFA contrairement à ce qui est prévu par le texte signé lequel stipule que Magil perçoive 40% comme avance pour le démarrage des travaux. En outre, faut relever la question du personnel étranger de Magil qui perçoit assez des salaires astronomiques compris entre 17.000 et 57.000 euros, tout en vous laissant à la manœuvre de la conversion monétaire. Bien que ce volet ait été pris en compte par le contenu cela reste tout de même problématique ; et l’illustration suivante le décrit vraisemblablement ; fin 2020, Magil déclarait avoir dépensé l’équivalent de 6,5 milliards (montant prévu en dépenses salariales pour sa soixantaine d’ouvriers expatriés) sans oublier les coûts des billets d’avion, les déménagements, les visas tous pris en charge par le projet. Dans le lot de ce personnel étranger, faut noter que ces étrangers ne sont pas des employés directs de Magil, ils appartiennent à des entreprises étrangères (FMA Construction, SCV International toutes les deux filiales du groupe Fayolle) interface de Magil Construction, qui lui-même fait parti du groupe Fayolle depuis 2009. Ce personnel semble si important, que Magil Construction n’a pas pu s’en séparer au gré de la crise déclaré en 2021, préférant se défaire du personnel camerounais payé à prix de catéchistes. Au-delà, des salaires faramineux, des menaces et licenciements à n’en point finir, explorons la qualité du top management de Magil Construction en la matière du vice-président Franck Mathière, englué dans une affaire de blanchiment d’argent en Octobre 2020, le mandat d’arrêt ayant été émis par le Nigeria qui selon Africa Intelligence explique, l’accuserait d’avoir blanchi entre 2016-2017 plus de 2 millions de dollars ; à cet effet le vice président de Magil Construction avait été arrête puis écroué en Ukraine ; ce qui va l’éloigner du chantier du complexe sportif d’Olembe pendant des mois jusqu’à son retour en Avril 2021grâce à la suspension temporaire de la notice rouge émisse par Interpol à son encontre.

Comment les autorités camerounaises ont pu être aussi naïves en signant des contrats aussi défavorables pour l’Etat. La goutte de trop qui brisa le vase. Alors que les travaux sont à l’arrêt depuis la fin de la Coupe d’Afrique des Nations de Février 2022, les autorités camerounaises qui ont déjà versés 80% du montant de la prestation soit précisément 42 milliards de francs CFA, observent que les travaux n’avancent pas.

A cet effet, le Ministre des sports et de l’Education Civique va adresser une demande d’explication en date du 18 Avril 2022 aux responsables pour comprendre non seulement pourquoi les travaux n’avancent pas mais aussi pour que l’entreprise s’explique sur l’état de dégradation des panneaux en forme d’écailles de pangolin tout en demandant des justificatifs de dépenses vu que Magil fait une pression énorme pour que les 18 milliards restant lui soit versés ; Du côté de l’entreprise québécoise, la réaction ne se fait pas attendre ; la résiliation unilatérale est évoquée en date du 21 décembre 2022 dans une correspondance adressé au Ministre des sports et de l’Education, Narcisse Mouelle Kombi ; qui transmet en date du 05 janvier 2023 ledit courrier à la primature en indiquant que le groupe canadien voudrait siphonner l’Etat. Et comme solution à priori, le Ministre des sports et de l’Education propose que de nouveaux fonds publics soient injectés pour livrer le chantier mais en prenant attache avec les sous- traitants locaux. Qu’est ce qui explique ce retour soudain aux sous-traitants locaux qui pourtant maitrisent les travaux sur ce site.

Dans une correspondance datée du 05 janvier 2023, le groupe canadien explique son action par des manquements contractuels de la part des autorités camerounaises, à cela s’ajoute le non-renouvellement des exonérations fiscales et douanières prévus, les absences répétées des responsables du ministère des sports aux réunions sans oublier des faits de rétro-commissions constitués entre autres d’indemnités de présence et de cadeaux que Magil Construction aurait refusé de payer.

A l’observation générale d’un marché public passé de gré à gré, il apparait clair que le processus de passation n’a pas été respecté et le contenu juridique n’a pas primé sur l’action. Alors que des zones d’ombre demeurent, les acteurs concernés s’accusent mutuellement ; à tort ou à raison, il faut tout de même faire un état des lieux le vendredi 13 janvier 2023.

Descente conjointe MINSEP-Magil

L’image qu’offre le complexe sportif d’Olembe le 13 janvier 2023 est triste, une peine que le premier sportif camerounais pourrait ressentir si l’on observe la végétation. Des abords du stade jusqu’au point focal que constitue le site devant abriter l’hôtel 4 étoiles, c’est la détresse ; le personnel de Magil réuni pour la circonstance ne fait pas oublier les marques de l’abandon, des travaux à l’arrêt depuis des lustres, de la broussaille à n’en point finir d’ailleurs des sources anonymes avec peine vont se livrer en déclarations « les gars faut prendre de vrais images, faut dire la vérité aux camerounais car cette affaire nous dépassent, nous qui sommes ici de jour comme de nuit ». Cette déclaration exprime le mal être et la descente conjointe du 13 janvier 2023 saura régler cette question. Réuni le 12 janvier 2023 autour du Secrétaire Général de la Présidence, les différentes parties ont pu aplanir leurs divergences en vue de la poursuite des travaux avec en assurance la levée de l’avis de résiliation faite par le vice-président de Magil Construction. A cet effet la date de reprise des travaux est prévue pour le 16 Janvier 2023 au regard des assurances qui ont été données au Ministre des Sports et de l’Education Civique qui semble comblé du dénouement positif en ces termes « Nous sommes heureux des perspectives liées à la finition de ce complexe sportif».

Si une date a été arrêtée jusqu’ici, il n’en demeure pas moins que des concertations serons à nouveau organisées autour du Secrétaire Général de la Présidence de la République qui dirige la « Task Force » afin d’examiner en profondeur tous les problèmes techniques et financiers identifiés, de manière à garantir la conduite à terme de ce projet ; ce discours a donc la notoriété explicative de faire comprendre que des milliards de plus pourraient être déboursés malgré les montants déjà engloutis.

Martial OBIONA

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