Gestion des projets publics – 216 entreprises menacées de suspension pour abandon de chantiers

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Le ministère des Marchés publics du Cameroun intensifie sa lutte contre l’abandon des chantiers par des entreprises prestataires. Un ultimatum de 21 jours a été donné à 216 entreprises pour reprendre les travaux délaissés ou justifier leur arrêt, sous peine de suspension.

Le ministère délégué à la Présidence chargé des Marchés publics (Minmap), dirigé par Ibrahim Talba Malla, a récemment publié une liste de 216 entreprises risquant la résiliation de leurs contrats pour abandon de chantiers lors des exercices 2023, 2022 et 2021. Cette initiative vise à redresser un secteur souvent entaché de manquements et de pratiques inadéquates. Le Minmap a clairement indiqué que ces entreprises ont 21 jours pour relancer ou finaliser les travaux ou pour fournir des justificatifs expliquant leur inactivité.

Parmi les projets abandonnés, figure la construction d’un pont en béton armé sur le Mayo Tagouri, reliant la route communale Tignère-Wogomdou, dans la région de l’Adamaoua, ainsi que la réalisation d’un complexe de gare routière dans la ville d’Akonolinga, région du Centre. Ces projets, essentiels pour le développement des infrastructures locales, témoignent de l’importance de la réactivité des prestataires pour éviter des conséquences lourdes pour les communautés concernées.

Selon l’Agence de régulation des marchés publics (Armp), l’abandon des chantiers découle souvent de la corruption et de l’attribution biaisée des contrats. « Le secteur des marchés publics, au Cameroun comme dans le monde, est exposé à des pratiques corruptives. Cette exposition attire des aventuriers sans expérience, ce qui mène à une mauvaise exécution des projets et à des chantiers abandonnés », souligne l’Armp. Cette analyse met en lumière l’importance de renforcer les critères de sélection des entreprises attributaires pour garantir l’efficacité des travaux.

Le Minmap n’est pas à sa première initiative en matière de lutte contre les abandons de chantiers. En 2017, 334 entreprises avaient déjà été averties et, en 2019, elles furent interdites de soumissionner aux marchés publics pour une durée de deux ans. En 2016, 122 sociétés défaillantes avaient subi une suspension avec des répercussions sur leur participation future aux commandes publiques.

Cette série de mesures visait à assainir le secteur des marchés publics, en s’assurant que les prestataires répondent aux exigences de qualité et de délais de livraison. Les efforts ont commencé à porter leurs fruits : entre 2012 et 2017, le Trésor public camerounais a enregistré des économies substantielles, de l’ordre de 500 milliards de Fcfa, grâce à l’amélioration de la gestion et de l’exécution des contrats. De plus, depuis 2015, plus de 90% des marchés publics ont été exécutés et réceptionnés dans les dix régions du pays, un signal encourageant pour la poursuite de la réforme.

La suspension de 216 entreprises est un nouvel épisode dans la lutte contre les dysfonctionnements du secteur des marchés publics au Cameroun. En favorisant la transparence et l’efficacité, le gouvernement espère éradiquer les mauvaises pratiques et assurer une exécution complète et efficace des projets. Pour l’instant, l’ultimatum donné laisse planer le doute sur la réaction des entreprises concernées et le sort des chantiers en question.

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