En marge du mois de la cybersécurité, le Bureau central national d’Interpol (BCN) à Yaoundé a exposé ses actions pour contrer la cybercriminalité au Cameroun. L’événement, organisé par l’Association pour la Recherche de la Paix et du Développement (ARPD), a permis de mettre en lumière les moyens techniques et les défis liés à la protection du cyberespace face à la criminalité numérique.
À l’occasion du salon de la cybersécurité, tenu à Yaoundé du 25 au 26 octobre 2024, Interpol a exposé son engagement dans la lutte contre la cybercriminalité, un fléau mondial qui ne cesse de croître. L’allocution de Christian Ndjidda Adawal, représentant du BCN-Interpol Yaoundé, a souligné les efforts déployés pour traquer les cybercriminels, même dans les recoins les plus cachés du Web. Le BCN-Interpol de Yaoundé fait partie du réseau global d’Interpol, qui relie les services chargés de l’application de la loi de 186 pays membres. Ce réseau permet une collaboration étroite avec les autorités locales et les autres bureaux d’Interpol, facilitant les échanges d’informations et d’alertes en temps réel.
Selon Christian Ndjidda Adawal, Interpol a développé une gamme d’outils sophistiqués pour analyser et détecter les activités illicites en ligne. Parmi ces outils, on retrouve des logiciels de pointe pour l’analyse de données et des plateformes sécurisées de communication, essentielles pour traquer les transactions illégales impliquant des cryptomonnaies. L’organisation peut également intervenir sur des plateformes de la blockchain, un espace souvent prisé des cybercriminels. Les transactions financières demeurent l’un des points d’entrée privilégiés des enquêteurs. En effet, les opérations impliquant des portefeuilles numériques (wallets) laissent des traces qui, bien analysées, permettent d’identifier les auteurs de cybercrimes. « Dans les enquêtes de cybercriminalité, l’homme laisse toujours une trace », a affirmé Adawal, rappelant qu’aucun crime n’est parfait.
L’une des forces d’Interpol réside dans sa capacité à coordonner les opérations au niveau international. Grâce au réseau I-24/7, un système sécurisé de communication policière, les bureaux nationaux peuvent rapidement envoyer des messages d’alerte aux pays membres en cas de cyberattaque. Cette réactivité est cruciale pour contenir et prévenir la propagation des cyberattaques d’un pays à l’autre. En cas de besoin, le BCN-Interpol Yaoundé peut également demander la coopération d’autres bureaux pour suivre des suspects ou échanger des informations sur les infractions en cours d’investigation.
La sécurité des informations est une préoccupation centrale pour Interpol. Christian Ndjidda Adawal a expliqué que des règles strictes encadrent la gestion et le partage des données au sein de l’organisation. La confidentialité des données personnelles est ainsi garantie par un ensemble de mesures, incluant le principe de nécessité, où seules les données strictement nécessaires sont conservées dans le cadre des enquêtes. Interpol met également un point d’honneur à respecter les droits de la défense. Toute personne suspectée a ainsi le droit de contester les charges retenues contre elle. Par ailleurs, les systèmes d’Interpol bénéficient de dispositifs renforcés de sécurité pour prévenir les cyberattaques contre leurs bases de données.
Christian Ndjidda Adawal a également abordé la question de l’extradition, un volet essentiel de la lutte contre la cybercriminalité internationale. Chaque pays membre dispose de lois spécifiques pour régir l’extradition des suspects, et cette démarche requiert un accord entre les pays concernés. L’extradition est souvent cruciale pour mettre les cybercriminels face à la justice, notamment dans les cas où les attaques ont des implications transfrontalières.
À travers ses actions, le BCN-Interpol de Yaoundé confirme son rôle de premier plan dans la lutte contre la cybercriminalité au Cameroun. Avec des outils sophistiqués et une collaboration internationale solide, le bureau s’efforce de rendre l’espace numérique plus sûr pour tous. Cependant, la complexité des cyberattaques appelle à une vigilance constante et à une adaptation continue des méthodes d’investigation.