Blanchiment d’argent et le financement du terrorisme – Le Cameroun maintenu dans la liste grise du GAFI, des efforts supplémentaires requis

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Réuni à Paris du 23 au 25 octobre 2024, le Groupe d’action financière (GAFI) a décidé de maintenir le Cameroun sur sa liste grise des pays sous surveillance. Le pays, engagé dans un processus de renforcement de son dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, doit redoubler d’efforts pour se conformer aux exigences internationales et sortir de cette liste.

Lors de sa première plénière de l’année sous la présidence d’Elisa de Anda Madrazo, le Groupe d’action financière (GAFI) a maintenu le Cameroun dans sa liste grise des pays nécessitant un suivi accru en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Cette décision témoigne des lacunes persistantes au niveau national malgré des engagements récents pris par le gouvernement.

Depuis juin 2023, le Cameroun s’est politiquement engagé aux côtés du GAFI et du Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique Centrale (GABAC). Ce partenariat vise à combler les failles stratégiques de son système de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). Cependant, des efforts concrets restent à fournir pour traduire cet engagement en actions concrètes.

Pour sortir de la liste grise, le Cameroun doit démontrer un renforcement effectif de son dispositif de LBC/FT. Parmi les attentes clés du GAFI figurent la capacité de mener des enquêtes et des poursuites sur le financement du terrorisme, de manière conforme aux risques identifiés dans le pays. Il est également attendu une amélioration de l’échange d’informations sécurisé entre les autorités compétentes et la cellule de renseignement financier.

Par ailleurs, le GAFI insiste sur la nécessité pour le Cameroun de diffuser des rapports de renseignement financier, destinés à appuyer les activités opérationnelles des autorités. Ces actions devraient être appuyées par une coopération interinstitutionnelle accrue et un alignement des politiques nationales sur les conclusions de l’évaluation nationale des risques (ENR).

Face à la pression internationale et en réaction aux exigences du GAFI, le président Paul Biya a pris une mesure importante en signant, le 30 octobre 2023, un décret créant un Comité de coordination des politiques nationales de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Ce comité, placé sous l’autorité du ministre des Finances, est chargé de coordonner l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de lutte contre ces phénomènes au niveau national.

Sa mission consiste non seulement à renforcer les capacités nationales en matière de LBC/FT, mais aussi à assurer une harmonisation des actions entre les différentes entités gouvernementales impliquées. Une tâche cruciale attend donc ce comité, qui doit désormais concrétiser les réformes nécessaires pour répondre aux exigences du GAFI.

Le maintien du Cameroun dans la liste grise du GAFI met également en lumière la vulnérabilité de son économie face aux risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. En effet, la forte dépendance du pays aux transactions en espèces complique la traçabilité des flux financiers et ouvre la porte à des pratiques illicites.

Pour certains experts, cette réalité économique constitue un obstacle majeur au renforcement du dispositif LBC/FT. En parallèle, la montée en puissance des technologies financières pourrait représenter une opportunité pour réduire la dépendance aux transactions en liquide, mais cela nécessiterait un cadre réglementaire robuste pour prévenir les abus.

Si le Cameroun veut sortir de la liste grise du GAFI, il doit poursuivre et accélérer la mise en œuvre de son plan d’action, en s’assurant d’aligner ses stratégies nationales sur les standards internationaux. Ce processus implique une collaboration étroite avec les partenaires internationaux, tout en adaptant les politiques nationales aux réalités locales. Le défi est de taille, mais le maintien dans la liste grise pourrait avoir des conséquences économiques et diplomatiques importantes pour le Cameroun.

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