Initialement prévu pour se clôturer en 2024, le Programme économique et financier triennal (PEF) entre le Cameroun et le Fonds monétaire international (FMI) est désormais prorogé jusqu’en 2025. Cette extension vise à garantir la réussite des réformes de gouvernance, de décentralisation et de gestion des ressources publiques. De nouvelles mesures ambitieuses ont été décidées pour permettre au pays d’atteindre ses objectifs.
En juillet dernier, les autorités camerounaises et le FMI ont décidé d’étendre le PEF, lancé en 2021, pour une année supplémentaire, repoussant ainsi son échéance de 2024 à 2025. Ce programme, essentiel pour l’économie camerounaise, repose sur une série de réformes devant renforcer la gouvernance, accélérer la décentralisation et optimiser la gestion des ressources publiques. Ces mesures, répertoriées dans le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2025-2027, abordent également la maîtrise de la dette publique, la réduction de l’inflation et la gestion des risques climatiques.
Parmi les projets prioritaires figure la création d’un Parc intercommunal d’engins de génie civil et d’hydraulique. Avec un prêt de 97,2 milliards de FCFA, ce projet soutenu par le Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunal (FEICOM) vise à renforcer les capacités des collectivités territoriales décentralisées dans les domaines des infrastructures et de l’assainissement hydraulique.
En parallèle, le Programme de Développement Économique et Social des Villes Secondaires Exposées à des Facteurs d’Instabilité (PRODESV2) a été lancé pour stabiliser les villes vulnérables aux chocs socioéconomiques. Ce projet contribue à garantir un développement équilibré du territoire camerounais en mettant un accent particulier sur les villes secondaires.
La réforme de la gouvernance locale est au cœur des priorités. Le Projet d’Appui à l’Accélération et à l’Approfondissement de la Décentralisation et du Développement Local (PAADD) illustre cette volonté. Poursuivant les efforts du Programme national de développement participatif (PNDP), le PAADD vise à améliorer les services publics locaux et à encourager une gouvernance de proximité pour répondre aux besoins des populations locales.
Dans la quête d’une meilleure gestion des finances publiques, le gouvernement met en avant l’opérationnalisation du SIGIPES 2, un système intégré de gestion des personnels et de la solde de l’État. Prévu initialement pour 2023, son déploiement est reporté à 2025. Cette réforme s’inscrit dans un objectif de modernisation et de transparence des dépenses publiques, en synergie avec la numérisation des marchés publics via la plateforme e-procurement.
La mise en place de cette dernière vise à améliorer la transparence et la compétitivité des appels d’offres, répondant ainsi à une exigence majeure du FMI pour optimiser la gestion budgétaire du Cameroun.
L’un des principaux défis pour Yaoundé reste le contrôle de la dette publique. Le Cameroun s’est engagé à réduire le déficit primaire hors pétrole en dessous de 2 % du PIB d’ici 2024 et à limiter l’encours de la dette à 40 % du PIB. Pour y parvenir, le FMI insiste sur une discipline budgétaire rigoureuse et une rationalisation des dépenses publiques. En 2023, la dette atteignait 45 % du PIB, mais des projections pour 2024 estiment une réduction à 42 %, signe des efforts de gestion en cours.
Depuis le début du programme en 2021, le Cameroun a bénéficié de 345 milliards de FCFA grâce aux financements du FMI dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC) et du Mécanisme élargi de crédit (MEDC). Avec l’extension du programme, une enveloppe additionnelle de 45 milliards de FCFA sera octroyée, portant le total à environ 770 milliards de FCFA. Ce financement, complété par des contributions de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement (BAD) et de l’Union européenne, permettra de maintenir la dynamique des réformes et d’assurer la mise en place des infrastructures nécessaires au développement local et à la décentralisation.
Le programme PEF 2021-2025 constitue un levier de transformation pour le Cameroun. Ses objectifs ambitieux, allant de la décentralisation à l’optimisation des ressources publiques en passant par la réduction de la dette, témoignent de l’engagement du gouvernement à améliorer les conditions économiques et sociales du pays. Cependant, sa réussite dépendra d’un engagement fort et d’une mise en œuvre rigoureuse des réformes.