Après plus de dix ans de report, le recensement général de la population et de l’habitat, couplé à celui de l’agriculture et de l’élevage, est relancé pour 2025. Un défi crucial pour le Cameroun, dont la population est estimée à environ 30 millions d’habitants en l’absence de statistiques précises. Le gouvernement s’efforce de mobiliser les financements nécessaires pour concrétiser ce projet attendu, indispensable pour planifier son développement socio-économique.
Le Cameroun attend avec impatience son 4e Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH), couplé avec le Recensement général de l’agriculture et de l’élevage (RGAE). Prévu initialement entre 2013 et 2016, ce projet a été reporté à maintes reprises, faute de moyens financiers. En effet, sur les 64 milliards de Fcfa nécessaires, le gouvernement n’a réussi jusqu’à présent à mobiliser que 42 milliards, soit 65% du budget total. Le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, lors du Conseil de cabinet du 28 mars 2024, a souligné l’urgence de collecter les 22 milliards de Fcfa restants pour rendre possible cette opération d’envergure.
Les experts s’accordent sur l’importance du RGPH-RGAE. En fournissant des statistiques précises et actualisées, ce recensement aiderait le Cameroun à mieux planifier sa politique de développement. Connaître la répartition géographique et les besoins de la population permettrait d’orienter les investissements et les infrastructures, particulièrement dans les secteurs de l’éducation, de la santé, et de l’emploi.
Dans le secteur agricole, où le pays a récemment lancé un Plan intégré d’import substitution agropastoral et halieutique (PIISAH) pour la période 2024-2026, ce recensement est crucial pour identifier les forces et faiblesses de la production locale. En effet, les données recueillies permettront de mettre en place un Système permanent et intégré des statistiques agropastorales (SPISA), garantissant des informations annuelles actualisées sur les productions agricoles, les cheptels, les revenus des ménages, et les prix alimentaires.
Ce recensement général, lorsqu’il sera mené à terme, offrira au gouvernement des outils indispensables pour projeter la croissance économique, ajuster la politique fiscale, et planifier les investissements publics. La maîtrise des statistiques démographiques et agricoles est également cruciale à l’heure où le pays vise à réduire ses importations par une meilleure productivité locale.
D’après la circulaire du chef de l’État, Paul Biya, relative au budget 2025, le RGPH-RGAE figure parmi les priorités du gouvernement en matière de gouvernance. L’objectif est de disposer de statistiques fiables pour appuyer une croissance économique plus inclusive, répondant aux besoins réels de la population camerounaise. Ce recensement, initialement institué en 2005 par Paul Biya, doit marquer un tournant pour le pays dans sa quête d’une gestion optimale de ses ressources humaines et économiques.
Pour l’heure, le gouvernement camerounais est confronté à un obstacle de taille : la mobilisation du budget nécessaire. Avec les 22 milliards de Fcfa restants à collecter, l’enjeu est de taille pour rendre possible la concrétisation de ce projet en 2025. Le succès de cette opération dépendra non seulement de la levée des fonds manquants, mais aussi de l’engagement des acteurs concernés dans le processus de collecte et d’analyse des données.
En définitive, le lancement du RGPH-RGAE représente une opportunité pour le Cameroun de répondre efficacement aux défis de développement auxquels il fait face. Le déblocage du financement nécessaire et la mise en place d’infrastructures pour ce recensement s’avèrent impératifs pour que le pays dispose des outils adaptés à la gestion de sa population et de son agriculture.