Fiscalité – Le Cameroun renforce son dispositif jusqu’en 2027

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Dans un contexte de recherche de recettes, le Cameroun prévoit d’augmenter la pression fiscale sur les entreprises, avec un taux de 14,4% du PIB en 2027. Cette évolution suscite des inquiétudes au sein du milieu des affaires, alors que la charge fiscale est déjà jugée « confiscatoire » par de nombreux acteurs.

Le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2025-2027 révèle une tendance à la hausse de la pression fiscale au Cameroun. Alors qu’elle est estimée à 13,6% du PIB en 2024, les prévisions annoncent une augmentation progressive pour atteindre 14,4% d’ici 2027. Ce taux, le plus élevé sur six ans, soulève des interrogations sur la méthode d’augmentation : rehaussement des impôts existants, nouveaux prélèvements, ou élargissement de l’assiette fiscale.

Cette dynamique a déjà suscité des réactions négatives. Dans une enquête menée par le ministère de l’Économie, 81% des chefs d’entreprise estiment que la pression fiscale est élevée, avec 1% seulement la jugeant faible. Célestin Tawamba, président du Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam), va jusqu’à qualifier cette fiscalité de « confiscatoire ». Les milieux d’affaires craignent que cette augmentation n’ait un impact négatif sur leur capacité à investir et à créer des emplois.

Malgré cette hausse, la Direction générale des impôts (DGI) souligne que le taux de pression fiscale camerounais reste en deçà de la moyenne africaine, qui s’élevait à 17,2% il y a quelques années. Des experts du FMI soutiennent que pour générer un véritable développement, il faudrait atteindre une part de prélèvements obligatoires d’au moins 25% du PIB.

Le véritable problème ne réside pas seulement dans le taux de pression fiscale, mais aussi dans l’équité de son application. De nombreux experts affirment que la charge fiscale est principalement supportée par un petit nombre de grandes entreprises, tandis que de nombreux potentiels contribuables échappent à l’impôt. Le FMI, dans un rapport de 2021, a mis en avant le fait que les grandes entreprises sont soumises à des taux d’imposition élevés, tout en faisant face à des restrictions strictes concernant les déductions fiscales.

Face à cette situation, le FMI recommande aux autorités camerounaises de revoir leurs politiques fiscales. Plutôt que d’augmenter les taux d’imposition, il suggère de réduire les taux légaux de l’impôt sur les sociétés et d’instaurer des systèmes d’imposition simplifiés. Une telle réforme pourrait non seulement alléger le fardeau fiscal sur les entreprises, mais également encourager une plus grande conformité fiscale et réduire l’informalité.

Alors que le Cameroun s’engage sur la voie d’une pression fiscale accrue, la nécessité d’un débat autour de l’équité fiscale et de l’impact sur les entreprises se fait pressante. Les choix politiques qui seront faits dans les années à venir détermineront non seulement la santé économique des entreprises, mais aussi la capacité de l’État à générer des recettes suffisantes pour financer son développement.

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