Face à une légère baisse de l’inflation, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a intensifié ses offres de liquidités pour stimuler l’économie de la Cemac, dont la croissance est prévue à 3,3 % en 2024. Cette initiative marque un tournant stratégique après plusieurs années de resserrement monétaire.
Depuis juin 2024, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a décidé de réviser sa politique monétaire, optant pour une approche plus souple afin de revitaliser l’économie de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Ce changement survient après trois années de resserrement monétaire visant à contenir l’inflation, qui, bien qu’en baisse, reste au-dessus des normes communautaires.
La Beac a intensifié ses injections de liquidités dans le circuit bancaire, visant à améliorer l’accès au crédit pour les banques commerciales. Entre le 11 juin et le 10 septembre 2024, la banque centrale a proposé 14 opérations de liquidités, totalisant près de 2 500 milliards de Fcfa. La dernière offre, bien qu’importante avec 200 milliards de Fcfa, a révélé un taux de souscription de 218,5 %, illustrant des besoins de liquidités encore élevés dans le secteur bancaire.
Cette stratégie s’inscrit dans un contexte de modération de l’inflation, qui est tombée à 5,1 % au premier trimestre 2024, contre 5,6 % fin 2023. Bien que l’inflation ait diminué, elle reste supérieure à l’objectif communautaire de 3 %, et la Beac cherche à encourager une reprise économique durable. La croissance de la Cemac est projetée à 3,3 % en 2024, une amélioration significative par rapport à 2,3 % en 2023.
Le gouverneur de la Beac, Yvon Sana Bangui, a souligné que ces injections de liquidités visent à soutenir la reprise économique et à favoriser les investissements, surtout dans des secteurs critiques comme l’agriculture et l’élevage. La banque centrale espère ainsi stabiliser l’inflation tout en boostant la croissance.
Cependant, des défis persistent. Les économies des pays de la Cemac demeurent vulnérables aux chocs extérieurs, notamment les fluctuations des prix des matières premières, qui sont essentielles pour leurs revenus. De plus, la Beac doit naviguer dans un contexte où les gouvernements tentent de relancer leur économie sous des contraintes budgétaires sévères. La gestion équilibrée de la politique monétaire, entre soutien à la croissance et contrôle de l’inflation, demeure cruciale.
En conclusion, l’assouplissement de la politique monétaire par la Beac pourrait représenter un tournant pour l’économie de la Cemac. Si cette stratégie est bien exécutée, elle pourrait favoriser une croissance stable et contribuer à stabiliser les prix, tout en répondant aux besoins financiers des banques commerciales. La vigilance reste de mise, alors que la Beac doit ajuster ses interventions en fonction des évolutions économiques.