Marchés Publics au Cameroun – 75,9% des entreprises ignorent l’existence de l’application Coleps

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Dénommé « Cameroon On-Line E-procurement System » (Coleps), cette application mise sur pied depuis 5 ans par les autorités camerounaises et censée contribuer à la dématérialisation des procédures de passation de la commande publique, est une grande inconnue de la plupart des entreprises, révèle un rapport d’enquête de la Banque Mondiale.

Conçu pour limiter le contact humain, lequel est une voie ouverte à la corruption ; l’application Coleps n’est pas très connue des entreprises. Si le rapport d’enquête de la banque mondiale n’indique pas clairement les mobiles liés à cette méconnaissance de l’application. Ledit rapport met à nu un système de passation de marchés publics tiré par une corruption criarde, des procédures très longues et des extensions inexplicables de délais.

Dans le détail du rapport sur le diagnostic de la vulnérabilité des PME et de leur accessibilité à la commande publique au Cameroun publié par la Banque mondiale. L’on observe que 94% des entreprises jugent « non transparent le système de passation des marchés publics ; que près de 40% des agents publics sont sujets de corruption dans le cadre des marchés publics. Alors que le secteur du Bâtiment et travaux publics est indexé, le 24 octobre 2023, Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre des travaux publics indiquait que, « Le secteur des Bâtiments et travaux publics (BTP) se caractérise… par une vague de résiliations des contrats des entreprises aussi bien locales qu’étrangères. La raison récurrente est la défaillance de ces prestataires étalée par le manque d’organisation, de ressources matérielles et humaines clés…plusieurs d’entre elles procèdent par tricherie pour se faire attribuer le marché ».

Régi par le décret présidentiel N°2018/366 du juin 2018 portant Code des marchés publics, le secteur se trouve confronté à l’incapacité des entreprises adjudicataires à mobiliser des fonds de cautions et autres. À en croire le rapport de la Banque mondiale, 79,8% des petites et moyennes entreprises rencontrent des difficultés de financement ; 62, 2% sont incapables de mobiliser les cautions exigées pour obtenir un marché public ; 36,1% jugent les coûts élevés pour l’obtention des certifications (normes ISO, RSE, etc.) et 75,1% de PME peinent à justifier de capacités techniques et matérielles requises dans la passation des marchés publics.

Si les données publiées par la Caisse autonome d’amortissement (CAA) fin mars 2024 révèlent que, 39,51% des entreprises évoquent des cas de corruption des agents publics, que 48,38% déplorent le manque d’information et 11,61% exposent le caractère la complexe des procédures pour les PME. Le rapport d’enquête de l’institution de Bretton Woods précise que, le délai de soumission aux marchés publics constitue également une épine dans la chair des entreprises camerounaises. Pour près de 70% de ces entreprises camerounaises interrogées, le délai situé entre 20 et 50 jours est long.

En outre, ce même quota d’entreprises juge et conformément à l’article 89 du Code des Marchés publics, que le prolongement à 90 jours pour les appels d’offres internationaux est un frein dans le système de passation des marchés publics au Cameroun. De même, 91,4% des petites et moyennes entreprises trouvent assez long le délai de paiement des prestations, tandis que 93,3% d’entreprises enquêtées soulignent qu’il y a trop de documents sollicités dans les marchés publics au Cameroun, d’où les procédures administratives rendent les délais plus longs.

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