Malgré le maintien de la note du Cameroun à « B » pour ses emprunts en devise à long terme, l’agence américaine reste très incertaine sur les perspectives de développement du pays tel que révèle son évaluation publiée le 17 mai 2024.
Selon l’agence américaine de notation financière, plusieurs éléments mettent en péril les perspectives de développement du pays. Parmi ces facteurs, Fitch Ratings évoque la dette de l’État du Cameroun estimée à 12 714 milliards de Fcfa au premier trimestre 2024; les garanties, arriérés et la dette de la Société nationale de raffinage. En effet, selon cette agence, la gestion de la dette continue de poser problème, d’ailleurs le Cameroun a temporairement accumulé une quantité modérée d’arriérés externes envers la Banque européenne d’investissement (BEI) en août et septembre 2023. Bien que Yaoundé ait accumulé des arriérés externes portés à 0,1% du PIB en 2022 et à 0,2% du PIB au premier semestre 2023, l’agence indique que cela constitue une violation de l’objectif du Fonds mondial international (FMI) qui est de ne pas accumuler d’arriérés externes.
Outre la gestion de la dette, Fitch Ratings parle de perspectives négatives en indexant la gestion des finances publiques. Une gestion publique que l’américain trouve mauvaise vu le cisaillement opéré sur la trésorerie; les dépenses sous-estimées en lien avec la subventions aux carburants et les dépenses de sécurité non planifiées ayant été identifiées comme causes principales des dépenses hors budget et de l’accumulation d’arriérés antérieurs.
Alors que le stock d’arriérés intérieurs du Cameroun a diminué de 0,6% en 2023, Fitch met en relief le contexte politique du pays. Même si l’agence américaine ne prédit pas le chaos au pays de Paul Biya, elle révèle que l’élection présidentielle prévue pour 2025, pourrait avoir un impact significatif sur les perspectives de développement du Cameroun, ceci dans un contexte où l’actuel locataire du Palais d’Etoudi n’a pas véritablement affiché ses réelles intentions. Candidat ou pas candidat, Fitch souligne que le risque politique pourrait s’accentuer, le climat politique étant déjà tendu au regard des invectives et recadrages multiples exercés ça et là par les autorités camerounaises.
Globalement, et bien que les données du Fonds Monétaire International projettent une croissance du PIB de 3,9% en 2024 et de 4,1% en 2025 grâce à l’impact positif des secteurs tels que l’agriculture, la foresterie, les transports et les infrastructures énergétiques; Fitch Ratings, tout en reconnaissant les efforts engagés et les défis à réaliser par le Cameroun, reste tout de même dubitatif sur les perspectives de développement du Cameroun.
