Dans une réunion cruciale avec le Bureau International du Travail (BIT), le Groupement des Transporteurs Terrestres du Cameroun (GTTC) a mis en lumière les défis majeurs du secteur des transports, notamment l’état précaire des infrastructures routières et la pression fiscale écrasante, tout en appelant à des mesures d’allègement fiscal et à des subventions étatiques pour les organisations patronales.
Une rencontre à huis clos a réuni le patronat camerounais et le Directeur Général du BIT, orchestrée par le Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale (Mintss). L’objectif était d’évaluer l’impact post-COVID-19 sur le secteur productif, les répercussions de la guerre en Ukraine, et d’examiner le développement des services, la situation du travail à Gaza, ainsi que les progrès locaux dans l’intelligence artificielle et l’économie numérique.
Ibrahima YAYA, président du GTTC, a pris la parole pour décrire les difficultés exacerbées par les hausses des prix des carburants et le manque d’infrastructures routières adéquates. « Le carburant représente 50% de nos coûts d’exploitation, sans compter la pression fiscale, » a-t-il souligné.
Le Cameroun, avec ses 121 873,93 km de routes, dont 90% en terre, fait face à une réalité routière difficile. Les statistiques officielles indiquent que seulement 58,86% des routes sont en état moyen ou bon, laissant 41,14% dans un état déplorable. Les transporteurs, principaux utilisateurs et contributeurs financiers de ces routes, alertent régulièrement le gouvernement sur la dégradation des axes vitaux, tels que la Nationale N°3 reliant Yaoundé à Douala, et la Nationale N°1 vers Kousséri, marquée par la tristement célèbre route Mora-Dabanga-Kousséri.
Face à ces critiques, le gouvernement met en avant ses réalisations. Emmanuel Nganou Djoumessi, Ministre des Travaux Publics, a récemment tenté de nuancer la situation, arguant que les cas cités masquent les progrès accomplis. Cependant, il avait lui-même admis en décembre 2023 devant le parlement un « effondrement du réseau routier » en 2023, attribuant cela à la vétusté des routes et à un drainage insuffisant face aux changements climatiques.
Le GTTC reste ferme sur ses positions, exigeant des actions concrètes pour améliorer les conditions de transport. Juan José Guijarbo Blasco, représentant des entreprises adjudicataires, promet la construction du pont en trois ans, post-finalisation des préalables administratifs. « Nous travaillerons pour démarrer les travaux fin 2025, » a-t-il assuré.
Le Cameroun se trouve à un carrefour, où les décisions prises aujourd’hui détermineront la viabilité future de son secteur des transports. Les transporteurs attendent avec impatience que les promesses se transforment en routes praticables et en une fiscalité allégée.
Cassandra EYADA