Banque des Etats de l’Afrique Centrale – Une institution financière au symbole d’opulence dans une sous-région en crise

Partager...

Les émoluments salariaux des personnels cadres de l’institution bancaire sous-régionale feraient tomber plus d’un à la renverse, le dernier épisode vécu le 04 Avril 2024 à Libreville démontrant à suffisance que la Banque des Etats de l’Afrique Centrale souffre de l’orgueil humain et de son appétit infini pour la billetterie.

Pour mieux appréhender la situation ; depuis février 2024, des membres du gouvernement de la banque centrale exigent via un rapport du comité des rémunérations, que leurs salaires soient augmentés afin d’égaliser celui du gouverneur de la Banque estimé à 25 millions de Fcfa mensuel. À la manœuvre de ce qui s’apparente à un hold up financier, le vice-gouverneur, Michel Dzombala avec ses 22 millions mensuels, le secrétaire général, Miguel Engonga Obiang Eyang 19 millions par mois, ainsi que les trois directeurs généraux, Jean-Clary Otoumou, Eugène Blaise Nsom, et Mahamat Djibrine, qui émargent à hauteur de 16 millions de Fcfa mensuel, chacun.

Si pour l’heure, le scénario orchestré par les protagonistes cités en amont a été écarté par le président du conseil d’administration de la Beac, Mays Mouissi, ministre gabonais de l’Economie et des Participations ; jusqu’à quand ce sera le cas ? s’interrogent des citoyens de la zone Cemac ; lesquels se questionnent sur les raisons pouvant justifier la mise à disposition des montants aussi ronflants comme salaires à quelques individus, qui malgré la crise observée dans la sous-région en redemandent bien plus.

Outre ce regard pluriel du citoyen, une lecture comparative des émoluments salariaux des personnels de la Beac et ceux d’autres d’institutions bancaires régionales (bceao) et internationales ( FMI) entretient de plus en plus la controverse.

Une opulence qui fâche

Au-delà des revendications liées à l’augmentation des salaires, il convient de souligner que les responsables indiqués plus haut souhaitaient également une révision de leurs avantages. Dans le détail, il était question de faire passer la prime de logement des membres du gouvernement de 2,5 millions à 6 millions de Fcfa, d’augmenter de 30% l’indemnité de mobilier ; quant au nombre de véhicules neufs des directeurs généraux, il s’agissait de le passer d’une voiture à deux avec en prime, une ligne d’entretien mensuel de 600 000 francs CFA au profit de chacun. Le gouverneur devant se contenter de voir son nombre de véhicules de fonction monter de deux à quatre et une ligne d’entretien mensuel de 600 000 Fcfa.

Malgré les écarts constatés dans l’offre salariale entre le Gouverneur de la Beac et ses collaborateurs, Yvon Sana Bangui, gouverneur actuel de l’institution souligne qu’une égalisation des salaires des membres du gouvernement aurait eu un impact financier annuel de plus de 1,2 milliard de Fcfa. De plus, l’indécence des membres du gouvernement de la Beac aurait contribué à pourrir l’environnement au sein d’une institution où l’écart de rémunération est déjà assez conséquent entre les membres du gouvernement et les autres responsables notamment les directeurs centraux et les directeurs nationaux.

Alors que ce dossier d’égalisation salariale avait déjà fait l’objet de vifs échanges entre les responsables de la Beac et le gouverneur de l’époque, Abbas Mahamat Tolli ; l’attitude des protagonistes questionne, et met à la nudité publique la discrétion de la Beac.

Pour rappel, les salaires des membres du gouvernement de la Beac se situent mensuellement entre 15 et 25 millions de Fcfa. A ces salaires, l’on note des avantages de toutes natures atteignant près de 5 millions de FCFA. Outre ces aspects, chaque membre du gouvernement reçoit par trimestre, une prime de performance équivalente à un mois et demi de son solde ; à celle-ci, il faut associer un émargement fixe de 1,5 à 3 millions de F CFA pour chaque réunion d’instance ; des réunions qui se tiennent au moins 10 fois par trimestre.

En sommes, le récent show exhibé par certains membres du gouvernement de la Beac, a permis de démontrer à l’opinion publique l’opulence et la prospérité dont héritent le personnel cadre de l’institution. Une situation qui fâche dans les chaumières et fait conforter l’idée de faire revoir à la baisse les émoluments salariaux, dans un contexte où les prévisions du Fonds Monétaire International projettent une hausse de l’inflation dans la sous-région.

Related posts

Leave a Comment