Engagés pour certains autour des années 2002, ces employés camerounais qui ont bâti de nombreuses infrastructures en Guinée Équatoriale sont comme d’autres citoyens d’Afrique francophone, en attente du paiement de leurs indemnités de travail depuis 08 ans. C’est plus de 10 milliards de FCFA qui sont réclamés à l’entreprise General Work dont le siège était basé en Guinée Équatoriale entre les années 2000-2014.
Mise en liquidation en 2015, l’entreprise dirigée à l’époque par l’italien Gimmy Ricci et détenue à 25 % par l’Etat équato-guinéen n’a jusqu’ici jamais songé à payer un sou. Si à ce jour, les citoyens turques, italiens et même équato-guinéens ont perçu leur dû ; tous les ex-employés camerounais croupissent dans une pauvreté extrême.
Entre médiations vaines, promesses de paiements non tenues, saisine des autorités gouvernementales des deux pays (Cameroun et Guinée-Équatoriale) et procédures judiciaires, les lignes restent intactes ; rien ne semble bouger dans cette affaire qui mêle à la fois maltraitance humaine, abus de confiance et non-respect des droits de l’homme et des droits du travailleur.
Abusés en Guinée Équatoriale, de nombreux autres camerounais continuent de faire face à cette même maltraitance, avec pour « tortionnaire » Gimmy Ricci qui trône tranquillement à la tête de Pac International Cameroun Sarl depuis 2019, ladite entreprise est spécialisée dans le BTP et le déménagement international. Recherché par Interpol mais protégé au Cameroun, va-t-on laisser Gimmy Ricci reproduire le scénario équato-guinéen au Cameroun ? Affaire à suivre.
Le pétrole de tous les malheurs
Au début des années 2000, la Guinée Équatoriale découvre son potentiel pétrolier ; et veut dans le cadre de son exploitation, bâtir son économie infrastructurelle. Faisant appel à l’expertise extérieure, de nombreux travailleurs étrangers effectuent la ruée vers ce nouvel eldorado. Cathédrale de Mongomo, aéroport de Bata, Cité de l’Union Africaine, Palais de justice de Malabo, logements sociaux, routes, autoroutes et bien d’autres infrastructures sont alors construites nuits et jours par ces étrangers.
Au péril de leur vie et dans des conditions inhumaines, la récompense ne va pas toujours suivre, les salaires ayant si souvent été décalés soit un mois payé sur trois. Une situation qui va perdurer avec pour corollaire, l’augmentation des arriérés de salaires devenue difficile à solder. Si les travailleurs continuent de garder espoir au vu des assurances qui leurs sont faites en permanence, la mise sous liquidation de l’entreprise parapublique à partir de 2015 va sonner le glas de tous les désespoirs.
2015 et l’avènement de la discrimination sociale
Depuis 2013, le groupe de BTP présente des signes d’essoufflement, à dessein ou non, l’entreprise reprise par la veuve d’Igor çelustsi, décédé dans un mystérieux crash d’avion et confiée à Gimmy Ricci est finalement placée sous liquidation en 2015 par les autorités de Malabo qui y détiennent 25% des parts.
Identifiée aux adresses Carretera del Aeropuerto
Bata – Guinée Équatoriale et au numéro +240 333 08 17 59, le groupe liquidé va s’empresser de payer son personnel local et les travailleurs occidentaux afin d’éviter un scandale à l’échelle internationale ; surtout que les autorités équato-guinéennes font déjà face à une affaire de biens mal acquis impliquant Teodorin Obiang Nguema Mangue, le vice-président actuel du pays et fils du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.
À ces camerounais et à bien d’autres compatriotes du continent africain, le mot de passe reste, « il faut patienter » nous confie Hugo Fongang, maçon et ex-employé de General Work. Las de patienter, les employés abusés vont entamer plusieurs médiations infructueuses et l’impératif de poursuites judiciaires va s’imposer. D’ailleurs, le Tribunal du travail de Bata, statuant en qualité de régulateur, avait reconnu les droits de ces nombreux travailleurs qui ne réclamaient que leur dû.
Des mois durant, ces employés camerounais vont faire la navette pour le Palais de justice de Malabo où des listes de personnes à payer étaient sans cesse publiées. Des va et vient qui auront plus tard amené d’aucuns dans les prisons du pays, d’autres expulsés et leurs quelques économies confisquées sous de fallacieux prétextes singulièrement absence de passeport ou de titres de séjour, entrée illégale sur le sol équato-guinéen.
Caroline Ngo Mbamseck Bayiha, une lueur d’espoir
Saisi par le collectif des ex-employés de General Work en date du 13 Mars 2023 ; et après plusieurs relances auprès des autorités camerounaises entre 2019 et 2020 notamment des correspondances au Président de la République, Paul Biya (lequel avait instruit au SGPR, Ferdinand Ngoh Ngoh de saisir le Minrex qui devait à son tour prendre attache avec la diplomatie équato-guinéenne pour une solution définitive au différend) ; les travailleurs entendent désormais fixer un nouveau cap dans la revendication de leur droit.
Réuni le 15 Mars 2024 autour de son Altesse Royale, Caroline Ngo Mbamseck Bayiha, Consultant international pour les procédures juridiques et judiciaires ; ces employés abusés de General Work Guinée Équatoriale souhaitent faire bouger les lignes par le biais de la Directrice Générale du cabinet Queen Mother Consultancy, une structure de droit néerlandais et basée à la Haye au Pays-Bas.
Face à la presse, le consultant international a exposé les prochaines étapes à mettre en œuvre, il s’agit notamment de demander l’ouverture d’une enquête à la Cour Internationale de Justice sur les sévices subis par ces employés en Guinée Équatoriale (sous réserve des témoignages et d’une pétition) ; de porter plainte contre Gimmy Ricci au Cameroun, ancien patron de General Work et actuel directeur général de Pac International Cameroun, une entreprise créée par ce dernier depuis 2019, lui (Gimmy Ricci) qui mène une vie paisible et tranquille au Cameroun malgré son statut de recherché émis par Interpol.
Autre mesures évoquée, la saisine de l’actuel Nonce Apostolique au Cameroun et en Guinée Équatoriale, Mgr José Avelino Bettencourt.
Pour ces anciens employés désormais réunis autour de l’association des techniciens spécialisés en BTP et métiers connexes, il est temps de créer une véritable dynamique pour rentrer dans leurs droits avec respect et intégrité ; eux, qui pour la plupart ont tout perdu (vie de famille, emplois, maisons… Etc) ; ceux-ci sont presque devenus des mendiants pendant que l’effort de leur vie reste confisqué dans des couloirs inconnus.