Les marges évolutives des prix sur le litre d’huile de palme brute ont quasiment doublé en l’espace d’un an, passant de 650 FCFA à désormais 1000 voire 1100 FCFA sur les étals. Une situation justifiée par la conjoncture mondiale, mais également la dérivation d’une partie de la production vers le Nigeria voisin.
« La clé des problèmes du secteur serait d’abord de sortir de l’informel car, 30 % de la production nationale échappent à la norme, une bonne partie de la production du Sud-Ouest va au Nigeria ». Cette déclaration est celle d’un responsable de l’Institut de recherche agricole pour le développement (Irad), lors d’échanges ayant eu lieu le 12 octobre dernier au ministère du Commerce, à la faveur de la tenue du Comité ad-hoc de régulation de la filière huile de palme brute. Cette révélation est sans équivoque, et renseigne à suffire sur les raisons d’une inflation observée depuis le second semestre sur le marché de l’huile de palme brute. Sur les étals, les ménagères sont contraintes de débourser désormais jusqu’à 1100 FCFA pour se procurer un litre d’huile de palme brute, soit environ 100% du prix appliqué il y a un an.
Cette hausse est sans cesse croissante, et découle d’une conjugaison de facteurs. La problématique de la dérivation d’une partie de la production nationale vers le Nigeria par certains producteurs peut expliquer cette hausse vertigineuse des prix. Et pourtant, la production nationale est déjà assez marginale, et que le Cameroun recourt régulièrement aux importations pour garantir ses stocks et éviter une pénurie au plan local. Au fil des années, le rythme des importants va croissant. De près de 80.000 tonnes en 2019, 70.000 tonnes en 2020 et 100.000 tonnes en 2021, le Cameroun a autorisé des importations de 143000 tonnes d’huile de palme brute en 2022.
Au cours de l’année 2022, la décision de revoir à la hausse le volume des importations d’huile de palme brute dénote des difficultés que rencontrent les industriels à se procurer la matière première pour la transformation en vue de la production des produits dérivés. « À titre d’illustration, la production nationale mensuelle projetée et à redistribuer (aux raffineurs, NDLR) pour le compte du mois de février 2022 est de 19 650 tonnes, pour une demande de 126 065 tonnes », schématisait naguère le secrétaire général de l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc), Jacquis Kemleu. Il est à noter que ce sont les membres de cette association, notamment Azur S.A, Scr Maya et Cie, Sodecoton, etc., qui produisent 95% des huiles végétales raffinées et 98% de savons de ménage disponibles dans l’espace commercial camerounais.
Dans ce contexte marqué par une forte conjoncture à l’échelle mondiale, le Cameroun a notamment choisi de se tourner vers le Gabon pour s’approvisionner, selon des confidences faites en mars dernier par le ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana.
Ecomatin