Classé 37ème sur 193 pays, avec un score de criminalité de 6,27, le pays de Paul Biya fait partie des pays où la criminalité est une réelle gangrène selon le rapport 2023 sur l’indice mondial du crime organisé : cas du Cameroun. D’après le rapport, le marché du crime revêt plusieurs visages au Cameroun, des personnes au commerce en passant par les finances et l’environnement.
Trafics d’êtres humains et de personnes
Au niveau des personnes, le Cameroun est un pays d’origine, de transit et de destination pour les hommes, les femmes et les enfants soumis au travail forcé et à la traite à des fins d’exploitation sexuelle ; la situation semble s’être aggravée par les facilitateurs locaux, qui collaborent avec des syndicats internationaux. La traite des personnes dans le pays est principalement liée aux individus économiquement vulnérables et marginalisés telles que les personnes déplacées à l’intérieur du pays et les réfugiés. Cette situation a d’ailleurs été exacerbée par le conflit dans l’Extrême Nord du pays (insurrection de l’État islamique en Afrique de l’Ouest) et dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest (conflit séparatiste anglophone) dont les conséquences immédiates sont entre autres la diminution de la présence policière, judiciaire, une perturbation de l’économie et du système éducatif.
Par ailleurs, le trafic d’êtres humains est également un facteur dans le pays, car les jeunes Camerounais qui tentent de partir à la recherche d’une vie meilleure sont prêts à payer des frais exorbitants aux passeurs. D’ailleurs, un nouveau phénomène, le trafic de garçons et de filles identifiés comme de jeunes footballeurs talentueux s’intensifie dans les zones urbaines. Et il existe également une prévalence assez élevée de trafic de femmes vers le Moyen-Orient, l’Europe, les États-Unis et de nombreux pays africains à des fins d’esclavage ou de travail sexuel. De nombreux courtiers en migration aidant les Camerounais à obtenir des documents et des visas frauduleux pour voyager à l’étranger.
Un secteur commercial criminalisé
Le Cameroun est depuis longtemps un pays de transit et de destination pour le trafic d’armes, qui est l’un des marchés criminels à la croissance la plus rapide dans le pays, en particulier dans les régions touchées par la violence et facilité par la porosité des frontières avec le Nigéria, le Tchad, la République centrafricaine. En effet, depuis 2012, l’ISWAP est impliqué dans le trafic d’armes et le conflit armé avec les sécessionnistes dans les régions du sud-ouest et du nord-ouest depuis 2017 a augmenté la demande en armes illicites. En fait, le trafic d’armes est une réalité depuis 2016 au Cameroun, date à laquelle la fabrication d’armes artisanales a été légalisée, même si depuis mai 2021, la vente d’armes d’autodéfense a été interdite.
Au-delà du trafic d’armes, la vente illicite croissante de produits de contrefaçon, y compris de produits pharmaceutiques et de produits de marque, constitue une menace pour l’économie nationale. La prépondérance des produits de contrefaçon sur les marchés nationaux a pour conséquence de mitiger les résultats escomptés par les industries locales ce qui entraîne une perte substantielle de recettes publiques.
La criminalité liée à la flore, la faune et la forêt
La gestion forestière, folique et faunique est une préoccupation majeure au Cameroun car ici l’on note une forte implication des fonctionnaires et des autorités traditionnelles. Dans le cadre de l’exploitation illégale du bois et son trafic vers l’Europe et l’Asie sont très répandus, la plupart du bois consommé localement provient de sources informelles. Ce qui a pour conséquence de biaiser les procédures dans l’attribution de concessions d’exploitation forestière et dans l’attribution des permis d’exploitation.
À côté, le trafic d’espèces sauvages, notamment les défenses d’éléphants, les cornes de rhinocéros, les pangolins, les serpents, les lézards et les singes ; et le commerce illégal de viande de brousse reste également préoccupant, le pays ayant déjà perdu plusieurs espèces comme le rhinocéros noir et le guépard, à cause du braconnage, de la perte d’habitat et des conflits entre l’homme et les espèces sauvages. Le vol et le trafic de bétail et d’autres animaux d’élevage sont courants dans diverses régions du pays, de même qu’une pléthore de délits liés à la pêche. Exportés.
Une criminalité financière très répandue
Si les secteurs des mines, des hydrocarbures ne sont pas en reste ; les crimes financiers sont très fréquents dans le pays et comprennent le détournement de fonds publics, la fraude fiscale, la fraude et d’autres formes de crimes financiers cyber-facilités qui entraînent d’importantes pertes financières le cas des détournements de fonds destinés à la gestion de la pandémie de Covid-19 dont le montant est estimé à plus de 34,8 millions de dollars.