Dans son rapport ID4D portant sur l’étude diagnostique du système d’identification au Cameroun, le groupe de travail de la Banque mondiale précise que plus de 7,5 millions de Camerounais ne peuvent être clairement identifiés, faute de carte nationale d’identité ou d’acte de naissance.
En relevant l’urgence de moderniser les systèmes d’identification au Cameroun, le groupe de travail révèle que les groupes sociaux généralement concernés par une absence d’identification officielle sont entre autres les femmes, les habitants des zones rurales, les jeunes de 18 à 24 ans, les personnes les plus pauvres de la population et les déplacés internes. Si les personnes sans acte de naissance ou carte nationale d’identité se retrouvent souvent dans l’impossibilité d’accéder aux services de base et aux possibilités économiques tels que l’éducation, l’aide sociale, les services financiers ou l’emploi formel; le rapport identifie plusieurs facteurs contribuant à ces lacunes.
Parmi ces entraves à l’enregistrement des faits d’état civil et à l’identification, l’on note de manière non exhaustive, l’éloignement des centres d’état civil ou leur fonctionnement défaillant; la lourdeur des exigences relatives aux documents justificatifs; le manque de formation et la faible rémunération du personnel; le manque d’efficacité des processus d’état civil sur support papier et le manque d’interopérabilité avec le système d’identification, les coûts indirects élevés associés à l’enregistrement ( pots-de-vin, frais de déplacement… etc.).
En outre, le rapport mentionne la complexité et le coût des procédures judiciaires et administratives requises pour l’enregistrement tardif des naissances et l’obtention d’un document d’identité, le peu de sensibilisation à l’importance de l’enregistrement des naissances et de l’identification en temps voulu dans les communautés surtout rurales. Plus loin, l’efficacité des services d’identification est également entravée par des problèmes logistiques et techniques. Les personnes qui font une demande de carte d’identité doivent souvent attendre plus d’un an avant qu’elle ne leur soit délivrée.
En attendant, elles utilisent un récépissé temporaire sur support papier qui leur est fourni à titre provisoire et dont la période de validité initiale est de trois mois. S’il faut reconnaître les efforts entrepris par les autorités camerounaises en matière d’état civil avec en prime l’adoption depuis 2018 du Plan stratégique de réhabilitation de l’état civil et de la numérisation; le groupe de travail de la Banque mondiale propose quelques pistes pour moderniser les systèmes d’identification afin de promouvoir le développement économique et social du pays. Structuré autour de trois objectifs principaux, il s’agit de façon non exhaustive de garantir l’accès universel à l’enregistrement des naissances et à l’identification, de renforcer le cadre juridique grâce à la numérisation et à la simplification des procédures afin de lever les obstacles à l’accès.
De plus il est aussi question, d’organiser des campagnes pour faciliter et soutenir l’enregistrement des populations vulnérables, d’améliorer l’accessibilité géographique des centres d’identification et d’état civil , de renforcer le cadre juridique de la gouvernance numérique pour améliorer l’efficacité des services et accroître la confiance dans les transactions numériques, d’achever la création d’une plateforme commune avec un registre d’état civil en ligne sous l’égide du BUNEC, investir dans les ressources matérielles (connectivité, serveurs, etc.)… Etc.