Le Centre Culturel Camerounais a abrité le 16 Mars 2023 la cérémonie de dédicace du livre « Corruption et techniques de spoliation de la fortune publique », véritable galette livresque dédié à la postérité; l’auteur Ekani Ndjana exulte et met à nu les schémas de la corruption.
L’ouvrage de 152 pages a le reflet d’une symphonie à la Bethoven tant il est digeste et piquant loin des considérations irritables que seul le titre peut provoquer.
Publié aux éditions les Presses de Sens Politique et dont Dr Pierre Nka assure avec maestria la coordination; l’auteur a su mettre les choses au firmament avec en toile de fond Dr Dominique Nelly Kwenda qui a assure la préface.
26 années de bons et loyaux services dans la préfectorale, Ekani Ndjana est un témoin vivant de la gangrène qu’est la corruption; rectitude morale assurée, ce commis de l’Etat à qui le droit de réserve s’est imposé pendant plus de deux décennies a enfin décidé d’ouvrir la boîte de Pandore pour exposer son vécu.
Bâti sur 3 grandes parties, l’auteur déroule non seulement l’approche definitionelle multiforme de la corruption en embrayant par la suite les mesures de lutte contre la corruption pour enfin chuter sur des potentielles solutions utiles à la minimisation à un certain seuil dudit fléau.
L’image d’une enveloppe kaki bien garnie sous une table marque d’entrée l’illustration presque véridique du schéma de la corruption.
Le cap sur la première partie du livre érigé en deux chapitres définit singulièrement et de manière multiforme la corruption au regard du contexte camerounais, africain et international, avec une touche particulière basée sur l’approche juridique du concept, reflet nécessaire avant de jeter le regard profond sur les éléments d’appréciation de la corruption.
Alors que l’auteur brosse une liste non exhaustive des manifestions et techniques de spoliation, de la fameuse technique du 4.9 aux entreprises fictives en passant par les évacuations sanitaires fantaisistes, il remet néanmoins au goût du jour les causes socio-économiques, culturelles et politiques de la corruption au Cameroun sans pour autant omettre de signifier les formes et les types de corruption au grand dam des conséquences politico-economiques et sociales qu’elle entraîne. Autant de facteurs qui invitent plus loin à penser aux mesures à mettre en œuvre pour lutter contre la corruption.
Dans les deux chapitres qui encadrent la deuxième partie de l’ouvrage, l’auteur, Ekani Ndjana plante le décor de l’éventail des mesures mises en place pour atténuer les effets néfastes de la corruption tant au niveau national et international, des mesures prenant en compte les sanctions pénales et administratives même si le constat effectué démontre que ces mesures se heurtent à de nombreux obstacles.
Bien que les obstacles à la lutte contre la corruption soient de plus en plus manifestes, la troisième partie propose des solutions envisageables à l’atténuation de ce fléau dénommé corruption, ces perspectives vont de l’application stricte des lois et règlements en passant par une décentralisation effective tout en convergeant vers le formatage des esprits qui se sont voués à voir en la fonction publique un lieu d’enrichissement alors même que la question de la revalorisation des salaires reste d’acuité dans un pays où la saisie de tous les biens des détourneurs de deniers publics reste en réclamation perpétuelle.
L’ouvrage proposé par Ekani Ndjana constitue donc une bible au chevet des dirigeants, des chercheurs et même de la masse sociale, qui trouvent ici des réponses clés aux fléaux qui troublent la société camerounaise car, « Quand une personne vole l’Etat, ce n’est pas seulement l’Etat qu’elle vole mais c’est chacun de nous qui est dépossédé » dixit Ekani Ndjana, alors malheur aux bandits à cols blancs car la lutte va davantage s’intensifier.
Martial OBIONA