Les fonds levés par les start-up implantées en Afrique centrale restent faibles en comparaison à celles d’Afrique de l’Ouest ou de l’Est.
Publié par la platforme «The Big Deal», le rapport sur le financement des start-up d’Afrique centrale en 2022 présente de manière détaillée, les transactions financières effectuées pas ces champions de la « tech ». A en croire le rapport, l’Afrique centrale a effectué des transactions de plus de 61,6 millions de Fcfa (100 000 dollars), avec un total de 31,4 milliards de Fcfa (51 millions $). Alors que la région ne représentait que 1,1 % des financements levés sur le continent, la croissance en glissement annuel a été louable, car les start-ups ont levé plus du double du montant levé en 2021, soit 14,7 milliards de Fcfa (24 millions $).
Relevons que, les transactions enregistrées ont été le fruit de 2 des 8 pays de l›Afrique centrale : la RDC (république démocratique du Congo) et le Cameroun. En 2022, le pays de Félix Tshisekedi a enregistré 5 opérations de plus de 100 000 dollars (contre 4 en 2021) et le montant total levé quant à lui a plus que triplé, passant de 7,3 milliards de FCFA (12 millions $) en 2021 à un peu plus de 24 milliards de FCFA (39 millions $) l’an dernier. Cette croissance exponentielle est attribuable à la startup Jambo. Cette dernière procédait en février 2022 à un tour de table de 4,6 milliards de F, soit 7,5 millions de dollars. Courant mai 2022, elle a conforté sa place de meilleure startup de la région avec un tour de série A de 18,4 milliards de F (30 millions $). Il va s’en dire que Jambo est la principale responsable de la croissance annuelle des financements levés dans la région car ces deux transactions représentent à elles seules 74% de tous les financements levés en Afrique centrale en 2022.
Les fonds levés au Cameroun quant à eux sont restés stables en glissement annuel, soit 7,3 milliards de F (12 millions $). L’opération la plus importante a été celle de la fintech Ejara, une levée de série A de 5 milliards de F (8 millions $). Le tour de table qui a été mené par des investisseurs en capital-risque de premier plan tel que Anthemis, Dragonfly Capital, Mercy Corps Ventures, Coinshares Ventures et Lateral Capital, porte à 10 millions $, l’enveloppe levée par l›entreprise depuis sa création en 2020. Il est important de relever qu’en 2022, les start-up africaines dirigées par des femmes ont levé 115,9 milliards de F soit 188 millions $ (4 % de l’enveloppe totale), tandis que celles dirigées par des hommes ont levé 2 835,9 milliards de F, soit 4,6 milliards $ (96 %). En d’autres termes, 25 fois moins de fonds ont été investis dans des start-up dirigées par des femmes, par rapport à leurs homologues dirigées par des hommes. Entre 2021 et 2022, le montant des fonds levés par les femmes PDG a connu une baisse en valeur absolue (188 millions $ en 2022 contre 290 millions $ en 2021) et en valeur relative (3,9 % contre 6,3 %).
Aussi, le nombre d’offres annoncées par des start-up dirigées par des femmes a également connu une baisse en glissement annuel, en valeur absolue (128 en 2022 contre 141 en 2021) et relative (13 % contre 16 %). Une petite lueur d›espoir cependant : alors qu›on aurait pu craindre que le contexte plus difficile se traduise par des chiffres encore plus faibles pour les femmes PDG au second semestre, elles ont enregistrés 6% du financement total par rapport au semestre 1 (2,8 %). Le nombre d’opérations a lui aussi connu la même tendance haussière avec 15 % des transactions conclues par des femmes PDG au semestre 2, contre 11 % au semestre 1. En conclusion, l›Afrique centrale se trouve en dessous de son poids avec des fonds levés estimés à 1,1 % du total sur le continent, une performance nettement inférieure à son Produit intérieur brut sur le continent (~ 5 %), et encore plus catastrophique que sa part sur la population africaine (12 %).
Ecomatin