À la lecture du projet de loi n°2074/PJL/AN portant loi de finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2025, la subvention aux carburants sera fixée à seulement 15 milliards de Fcfa pour le prochain exercice budgétaire.
De 263 milliards de Fcfa à 15 milliards de Fcfa, cette tendance à la baisse devrait avoir des effets néfastes sur le coût d’achat des populations. Si le gouvernement explique que, la loi des finances 2025 repose non seulement sur le dégrossissement des chapitres communs tel que prescrit par le Chef de l’Etat camerounais, Paul Biya. À côté de cela, le Gouvernement entend renforcer la dynamique de croissance économique, l’objectif étant l’amélioration des conditions de vie des populations, laisse t’il entendre. Précisons que le Cameroun n’a eu cesse d’être interpellé par les institutions de Bretton Woods au sujet de la subvention des produits pétroliers.
Du 3 au 16 octobre 2024 dans le cadre de la 7e revue du Programme économique et financier appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et du Mécanisme élargi de crédit (Medc) ; la question de la subvention des prix des carburants avait une fois de plus été évoquée. Cemile Sancak, émissaire du FMI tout en saluant les efforts du gouvernement camerounais qui a relevé à deux reprises les prix à la pompe, avait indiqué que tous les objectifs fixés dès le départ n’ont pas encore été atteints. « Il y a plusieurs réussites du programme. Il y a aussi des réformes qui restent pour arriver aux objectifs globaux du programme. Concernant les prix à la pompe, les autorités ont diminué la majorité de la subvention. Donc, il y a eu deux augmentations des prix à la pompe et maintenant la subvention qui reste est bien réduite. En effet, dans le programme, on a défini l’élimination des subventions », précisait t’elle.
Une réduction des subventions au forceps
Si le gouvernement camerounais est longtemps resté réticent à l’idée de la suppression totale des subventions des produits pétroliers, comme voulu par le FMI. Le pays de Paul Biya n’aura certainement pas d’autre choix que d’y arriver vu la courbe décroissante de l’enveloppe dédiée au soutien des prix à la pompe. Selon les chiffres officiels, le pays a dépensé 1 000 milliards de Fcfa en 2022 contre 640 milliards de Fcfa en 2023 (pour une projection de 453,3 milliards de Fcfa) soit une baisse de 360 milliards de Fcfa en glissement annuel, pour soutenir les prix du carburant et du gaz domestique,tandis que 263 milliards de Fcfa qui ont été investi en 2024. Alors que le Document de programmation économique et budgétaire 2025-2027 projetait sur une subvention de 80 milliards de Fcfa en 2025, la loi de finances en débat au sein du parlement table sur une enveloppe de 15 milliards de Fcfa.
Vers une possible hausse des prix à la pompe
Dans un contexte marqué par la prorogation du Programme économique et financier appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et du Mécanisme élargi de crédit (Medc) jusqu’en juillet 2025. l’Etat camerounais, à défaut de supprimer totalement la subvention aux carburants, n’aura pas d’autre alternative que de procéder à une nouvelle augmentation des prix à la pompe pour ne pas être asphyxié. En effet, si le pays compte tirer profit de la prorogation qui s’accompagne d’un financement supplémentaire de 145,4 millions de dollars (près de 89 milliards de Fcfa). Celle-ci reste conditionnée par la mise en œuvre des réformes visant à soutenir le secteur privé, élargir l’assiette des recettes et améliorer la soutenabilité des finances publiques.
Sous ce rapport, « les subventions sont mal ciblées en ce qui concerne les couches vulnérables, et ont un effet d’éviction sur les dépenses prioritaires. A titre d’illustration, les subventions aux prix des produits pétroliers représentent six fois le budget alloué à l’agriculture, quatre fois celui de la santé et plus de trois fois celui de l’énergie et de l’eau », constate malheureusement la Banque Mondiale.