Exploration aurifère – Des levées de fonds massives qui interrogent sur les véritables intentions de l’entreprise

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L’entreprise minière australienne Oriole Resources prévoit d’émettre 166,7 millions d’actions d’ici 2027 pour financer ses projets aurifères dans les régions du Centre et de l’Adamaoua au Cameroun. Si l’opération s’inscrit dans une stratégie de restructuration, les experts dénoncent une dérive spéculative et une insuffisance d’investissements concrets sur le terrain.

Implantée dans les régions du Centre et de l’Adamaoua, Oriole Resources détient deux licences minières stratégiques : Bibemi et Mbe. Pour développer ces projets, l’entreprise a annoncé une levée de fonds par l’émission de 166,7 millions d’actions d’ici 2027, à raison de 0,33 pence chacune.

L’opération, échelonnée en quatre tranches, débutera en novembre 2024 avec une première émission de 64,7 millions d’actions. Les trois tranches suivantes, représentant chacune 34 millions d’actions, s’échelonneront sur les trois années suivantes. Oriole justifie cette démarche par la nécessité de financer ses activités exploratoires et de restructurer ses actifs au Cameroun.

Récemment, la compagnie a obtenu l’approbation des autorités pour transférer le permis Bibemi à sa filiale OrrCam2 et celui de Mbe à son véhicule principal d’investissement. De plus, elle a acquis les participations minoritaires de ses partenaires, portant sa participation à 90 % dans les deux projets.

Des experts dénoncent des manœuvres spéculatives

Cette série d’opérations financières suscite des interrogations. Selon plusieurs experts du secteur, Oriole Resources semble s’inscrire dans une dynamique de spéculation boursière, caractérisée par des levées de fonds répétées sans investissements tangibles dans l’exploration ou l’exploitation des gisements camerounais. « De nombreuses entreprises obtiennent des licences minières au Cameroun sans disposer des capacités techniques ou financières pour mener des projets d’envergure. Elles misent sur des opérations boursières pour générer des profits rapides au détriment du développement local », déclare Dr Bareja Youmssi, expert en mines et enseignant-chercheur camerounais. Pour cet analyste, les multiples émissions d’actions d’Oriole Resources mettent en lumière une pratique qui s’éloigne des exigences du code minier camerounais. Ce dernier impose aux entreprises de prouver leur capacité à exploiter efficacement les ressources naturelles du pays.

Un impact sur la crédibilité du secteur minier local

Cette situation soulève également des préoccupations quant à la réputation du secteur minier camerounais. Si les entreprises minières privilégient les spéculations financières plutôt que les investissements directs, la confiance des investisseurs internationaux pourrait s’éroder, compromettant ainsi le développement durable du secteur. Les autorités camerounaises, tout en facilitant les investissements étrangers, sont appelées à renforcer la réglementation pour éviter que le secteur minier ne devienne un terrain propice aux dérives spéculatives. Pour l’heure, les actions d’Oriole Resources continueront d’être scrutées, alors que l’avenir des projets aurifères camerounais reste en suspens.

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