Accusée d’avoir augmenté les prix de l’électricité, Eneo, concessionnaire de la distribution d’énergie au Cameroun, clarifie les raisons derrière la nouvelle grille tarifaire en vigueur depuis le 1er novembre 2024. Cette révision, exigée par l’Arsel, suscite des tensions auprès des consommateurs et des associations de défense des droits des usagers.
Lors d’une conférence de presse tenue le 15 novembre 2024 à Douala, Eneo a expliqué les modifications apportées à sa tarification. Ces changements concernent l’alignement des tarifs des clients prépayés sur ceux des clients postpayés, conformément aux directives de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel).
Selon Ebenezer Tedjouong, senior manager commercial électricité à Eneo, le précédent système permettait aux consommateurs utilisant le mode prépayé d’acheter des unités de 0 à 150 kWh à un tarif de 50 FCFA par kWh, sans distinction claire de leur consommation réelle. « Nous avons observé que certains clients consommaient bien au-delà des seuils de la tranche sociale, allant parfois jusqu’à 220 kWh ou plus par mois. Ces clients ne pouvaient pas être considérés comme relevant de la tranche subventionnée », a-t-il expliqué.
Ainsi, depuis le 1er novembre 2024, les abonnés sont classés dans les tranches tarifaires selon leur consommation moyenne, ce qui a entraîné une révision des prix pour certains usagers, notamment ceux dépassant les 220 kWh mensuels.
Les nouveaux tarifs appliqués par Eneo sont organisés par tranches de consommation, avec des prix variant en fonction du niveau de kWh consommé : 0-110 kWh : 50 FCFA/kWh (sans TVA), 111-220 kWh : 79 FCFA/kWh (sans TVA), 221-400 kWh : 94 FCFA/kWh (TVA incluse). Au-delà de 400 kWh : 99 FCFA/kWh (TVA incluse)
Eneo assure que cette harmonisation, bien que perçue comme une hausse pour certains consommateurs, stabilisera ou réduira la facture pour 92 % des 800 000 abonnés au prépayé.
Malgré ces explications, les nouvelles tarifications suscitent de vives protestations. Le 14 novembre, des membres de la Fondation camerounaise des consommateurs (Focaco) ont tenté d’organiser une manifestation à Douala pour dénoncer cette augmentation. Selon Alphonse Abena, président de la Focaco, les tarifs appliqués pénalisent les ménages à faibles revenus. « Nous exigeons qu’Eneo et l’Arsel reviennent à un tarif unique de 50 FCFA par kWh pour les foyers précaires », a-t-il déclaré. Les associations de consommateurs dénoncent également un manque de communication préalable sur ces changements, ce qui, selon elles, a amplifié la frustration et le sentiment d’injustice parmi les usagers.
Une réforme qui divise
Eneo affirme que cette réforme est nécessaire pour uniformiser le système tarifaire et assurer une équité entre les différents modes de consommation. Toutefois, pour de nombreux Camerounais, ces hausses de prix interviennent dans un contexte économique déjà difficile, rendant la mesure impopulaire. L’Arsel, de son côté, défend l’harmonisation, rappelant que les disparités entre les tarifs prépayés et postpayés avaient été identifiées dès 2022 comme une source d’iniquité. Pour apaiser les tensions, Eneo invite les consommateurs à mieux comprendre les implications de ces nouvelles mesures et à optimiser leur consommation d’énergie pour limiter leurs dépenses. Cependant, les débats restent vifs, et l’issue de cette controverse pourrait encore évoluer sous la pression des associations et des citoyens.