Afrique Subsaharienne – Le Fonds Monétaire International dresse le diagnostic des perspectives économiques

Partager...

Dans sa revue d’octobre 2024, le Fonds Monétaire International présente l’image d’une région subsaharienne qui alterne entre réformes et grandes espérances. En croire le département service intégré et équipement du FMI, l’Afrique subsaharienne évolue dans un environnement économique complexe qui mêle progrès et vulnérabilités macroéconomiques persistantes.

En effet, les pays de la région essaient de mener à bien des réformes difficiles et indispensables pour rétablir la stabilité macroéconomique mise à mal par des chocs négatifs à répétition qui ont engendré des besoins d’appui. Une vue d’ensemble révèle que, les déséquilibres intérieurs et extérieurs ont commencé à se résorber, principalement sous l’effet des ajustements de la politique économique, mais la situation est hétérogène, car environ la moitié des pays présentent toujours de forts déséquilibres.

 Le resserrement monétaire a ralenti l’inflation, qui pour la moitié de la région est dans sa fourchette cible. Un rééquilibrage budgétaire notable a permis de stabiliser le ratio moyen dette/PIB, quoiqu’à un niveau élevé. Les positions extérieures se sont renforcées, dans un contexte de rétrécissement des écarts de rendement sur les obligations souveraines et de retour de plus de pays sur le marché des euro-obligations. Malgré tout, des difficultés persistent.

À ce titre, près d’un tiers des pays maintiennent une inflation à deux chiffres. La capacité à assurer le service de la dette est faible et le fardeau croissant qu’il représente érode les ressources qui pourraient être consacrées aux dépenses de développement. Les réserves de change sont souvent insuffisantes et il subsiste des préoccupations liées à la surévaluation et à la compétitivité.

Croissance faible, mauvaise gouvernance et financement restrictif dictent la loi

Alors qu’ils s’attellent à réduire ces déséquilibres, les dirigeants sont confrontés à trois principaux obstacles. Premièrement, la croissance régionale, projetée à 3,6 % en 2024, est globalement faible et inégale, même si une modeste reprise est prévue l’année prochaine. Les pays riches en ressources naturelles continuent de croître à environ la moitié du Rythme du reste de la région, les pays exportateurs de pétrole étant les plus en peine.

Parmi les freins à la croissance figurent les conflits, l’insécurité, les périodes de sécheresse et les pénuries d’électricité. Deuxièmement, les conditions de financement aussi bien intérieur qu’extérieur demeurent restrictives, beaucoup de pays étant dans l’incapacité d’accéder aux financements ou ne pouvant pas se le permettre.

Troisièmement, les pressions sous-jacentes complexes liées à une pauvreté élevée, à un manque d’inclusion et d’opportunités d’emploi ainsi qu’à la mauvaise gouvernance, exacerbées par les augmentations rapides du coût de la vie et les effets à court terme des ajustements macroéconomiques, causent des difficultés considérables dans beaucoup de pays. Il en résulte de la frustration sociale et des pressions politiques qui compliquent de plus en plus la mise en œuvre des réformes.

Les pouvoirs publics doivent se livrer à un véritable exercice d’équilibriste consistant à concilier réduction des vulnérabilités macroéconomiques, réponse aux besoins de développement et assurance de l’acceptabilité sociale et politique des réformes. Les pays qui présentent des déséquilibres élevés pourraient avoir à mener des ajustements considérables et concentrés en début de période, en raison des contraintes de financement strictes.

Revoir les marges budgétaires et protéger les personnes vulnérables

Néanmoins, les nombreux pays où les déséquilibres sont plus modérés pourraient se permettre des ajustements d’une moindre envergure et plus progressifs. Mais même les pays où les déséquilibres sont relativement faibles (environ un cinquième du total) doivent envisager une reconstitution des marges de manœuvre budgétaires et extérieures si les conditions s’y prêtent.

Afin d’obtenir l’adhésion de la population, il est essentiel de protéger les personnes les plus vulnérables du coût des ajustements et de s’assurer que les réformes créent suffisamment d’emplois. Des stratégies de communication et de consultation bien conçues, une élaboration appropriée des réformes et une amélioration de la gouvernance en vue de regagner la confiance des populations sont autant de solutions qui contribueront également à alléger la tâche des dirigeants. Bien que difficiles, les réformes visant à assurer une croissance plus durable et plus inclusive, notamment en promouvant la diversification économique et en créant des débouchés pour les femmes, atténueront aussi bien les facteurs de vulnérabilité que la frustration sociale.

Related posts

Leave a Comment