À un mois de la date butoir du 1er décembre 2024, la Direction générale des Impôts du Cameroun n’a collecté que 10,5 milliards de Fcfa sur les 25 milliards prévus au titre de l’Impôt sur les revenus des personnes physiques (Irpp). Malgré les prorogations, le taux de réalisation reste faible et les contribuables non professionnels tardent à s’y conformer.
La Direction générale des Impôts (DGI) du Cameroun a révélé que 10,5 milliards de Fcfa ont été collectés au titre de l’Irpp à fin octobre 2024, soit 42 % de l’objectif visé de 25 milliards de Fcfa. Introduit à nouveau en 2024 pour élargir l’assiette fiscale et combler les lacunes de la réforme de 2004, l’Irpp reste peu populaire. « À l’approche de la date butoir, la DGI doit encore mobiliser 14,5 milliards de Fcfa et enregistrer près de 2,1 millions de contribuables », déclare Bienvenu Omgba Tabi, chef de cellule au Centre des impôts de Yaoundé 1er.
Initialement prévue pour le 30 juin 2024, la date limite de déclaration de l’Irpp a été reportée à deux reprises, d’abord au 1er septembre puis au 1er décembre 2024. Cette extension, décidée par le ministre des Finances Louis Paul Motaze, visait à répondre au « fort engouement observé » en août 2024. Cependant, la mobilisation reste faible. Cette taxe concerne diverses sources de revenus : salaires, pensions, rentes, gains des activités agropastorales et revenus de capitaux mobiliers, entre autres.
La difficulté d’accès à internet est l’un des obstacles signalés par les contribuables pour justifier leur retard dans la déclaration. Bienvenu Omgba Tabi a toutefois assuré que « Camtel a renforcé la bande passante, permettant à la DGI de traiter jusqu’à 8 000 déclarations par jour sur l’ensemble du territoire ». Malgré ces efforts, beaucoup de contribuables hésitent encore à se conformer à cette obligation.
Pour motiver les retardataires, la DGI multiplie les campagnes et les descentes sur le terrain dans les entreprises publiques, parapubliques et privées. En parallèle, le ministre Louis Paul Motaze a averti que le non-respect de la date limite entraînera des sanctions, comme le retrait du fichier actif des contribuables et l’impossibilité d’obtenir une attestation de conformité fiscale. Un retard au-delà du 1er décembre 2024 pourrait également engendrer une amende de 10 % sur le montant dû.
L’impôt sur les revenus des personnes physiques, en vigueur depuis 1973 et réformé en 2002, avait été laissé en suspens jusqu’en 2024. La résurgence de cette mesure vise à répondre aux besoins accrus de recettes fiscales dans un contexte économique tendu. « L’évaluation de la réforme de 2004 a montré que seuls les salaires, prélevés à la source, étaient bien couverts, laissant d’autres catégories de revenus sous-déclarées », expliquait Daniel Hippolyte Bickoé, chef de centre régional des Impôts du Centre 2.
À l’approche de la date butoir, la DGI et les contribuables camerounais sont sous pression. L’enjeu est de taille pour l’État qui espère que l’Irpp contribue à hauteur de 0,6 % des recettes fiscales projetées à 3 998,7 milliards de Fcfa d’ici fin décembre 2024. La question reste de savoir si, d’ici le 1er décembre, la mobilisation s’accélérera suffisamment pour atteindre l’objectif fixé.