Affaire Camair/Boeing – Une nouvelle affaire judiciaire relance la question de la responsabilité du constructeur aéronautique

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Après une première condamnation, Boeing se retrouve de nouveau devant le tribunal, cette fois-ci pour l’accident du Boeing 737-200 de Camair en 1995, dans lequel 71 personnes ont perdu la vie. La responsabilité du constructeur américain et de Pratt & Whitney a été établie, et une indemnisation de plus de 100 milliards de FCFA est réclamée.

Le 3 décembre 1995, le Boeing 737-200 de la Cameroon Airlines (Camair), immatriculé TJ-CBE, se crashait à Douala, tuant 71 personnes, dont 68 passagers et 3 membres d’équipage. Presque trois décennies plus tard, le constructeur américain Boeing est une nouvelle fois poursuivi devant le Tribunal de Grande Instance du Wouri, dans la ville camerounaise de Douala. Cette affaire survient quelques mois après une première condamnation en mars 2023, liée à un autre accident de Boeing survenu en 1984, toujours en Afrique.

La nouvelle plainte a été déposée par la société Camair, en liquidation, après que les responsabilités de Boeing et de Pratt & Whitney aient été établies par une commission d’enquête. L’objectif de cette procédure est d’obtenir une indemnisation de 103 milliards de FCFA pour le préjudice subi par la compagnie aérienne, notamment la perte de l’appareil et de ses revenus.

D’après le rapport de la commission d’enquête menée en 1995, les causes du crash sont à chercher du côté de défaillances techniques imputables à Boeing et Pratt & Whitney. Le moteur JT8D-15, fabriqué par Pratt & Whitney, aurait souffert d’un défaut de fabrication, entraînant sa panne durant la phase d’atterrissage. Mais ce n’est pas tout : Boeing aurait omis d’équiper le cockpit du système d’alarme permettant de signaler la perte d’un moteur, et n’aurait pas mis en place un programme de formation spécifique pour les pilotes concernant la gestion d’un atterrissage avec un moteur en panne.

Les enquêteurs ont également mis en évidence que le Boeing 737-200 accidenté en 1995 avait les mêmes défauts de fabrication que celui impliqué dans le crash de 1984, survenu un an plus tôt, ce qui aurait pu éviter le drame si des modifications avaient été réalisées à temps.

Le Tribunal de Grande Instance du Wouri a fixé la date du procès pour le 20 février 2025. Cette nouvelle affaire judiciaire pourrait aboutir à une indemnisation substantielle pour la compagnie aérienne, toujours en liquidation. En effet, les plaignants réclament un total de 103,1 milliards de FCFA, répartis comme suit : 23,1 milliards pour le remplacement de l’appareil perdu, 75 milliards pour la perte d’exploitation, et 5 milliards pour le préjudice extrapatrimonial lié à la réputation de la société.

Cette nouvelle plainte intervient dans un contexte où Boeing fait face à de multiples difficultés à l’échelle internationale. Après des scandales liés à d’autres incidents aériens majeurs, notamment le crash des deux Boeing 737 Max, le constructeur est sous pression pour renforcer ses protocoles de sécurité et ses relations avec les clients. Les actions judiciaires s’accumulent, et l’affaire Camair pourrait être un nouveau tournant dans cette série de batailles juridiques.

Les prochains mois s’annoncent décisifs pour la société américaine. Les autorités camerounaises, ainsi que les familles des victimes, attendent une justice réparatrice pour ce drame qui a profondément marqué l’histoire de l’aviation civile camerounaise.

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