Au 30 septembre 2024, la dette du Cameroun sous forme de titres publics émis sur le marché monétaire et financier de la zone Cemac s’élève à près de 2000 milliards de FCFA. Cette somme, répartie entre les titres émis à la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) et à la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), reflète l’attrait des investisseurs pour la dette camerounaise, réputée solvable.
La Caisse autonome d’amortissement (CAA) révèle que, au 30 septembre 2024, l’encours des titres publics émis par l’État du Cameroun sur les marchés financiers de la BEAC et de la Bvmac atteint 1 953,3 milliards de FCFA. Ce montant témoigne de l’importance du recours du Cameroun aux marchés financiers pour le financement de son économie. Sur cette enveloppe, la majorité est constituée de titres de créance émis sur le marché monétaire de la BEAC, où six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) peuvent lever des fonds.
Parmi ces fonds, 1 541,1 milliards de FCFA sont issus d’emprunts contractés sur le marché monétaire de la BEAC. Ce montant inclut notamment 1 076,7 milliards de FCFA sous forme d’obligations du Trésor assimilables (OTA), avec des maturités de 2 à 10 ans, destinées au financement de projets d’infrastructure à long terme. En parallèle, le Cameroun a émis 464,4 milliards de FCFA de bons du Trésor assimilables (BTA), à maturité courte (moins d’un an), qui servent de levier pour pallier des besoins de trésorerie ponctuels.
Outre les titres émis à la BEAC, le Cameroun a également mobilisé des ressources importantes sur la Bvmac, la bourse commune des pays de la Cemac, où l’encours de sa dette s’élève à 411,2 milliards de FCFA. Ce montant est le résultat de deux emprunts obligataires lancés en 2022 et 2023. Le premier emprunt de 2022, d’une maturité de 7 ans avec un taux d’intérêt de 6,25 %, avait permis de lever 235 milliards de FCFA, bien au-delà des 200 milliards de FCFA initialement recherchés.
En 2023, un nouveau prêt a permis de récolter 176,7 milliards de FCFA sur les 150 milliards visés. Cette opération, qualifiée de pionnière dans la Cemac, s’est distinguée par son format en tranches multiples, une première dans la sous-région. Ce dispositif offre une flexibilité accrue aux investisseurs, leur permettant de choisir entre des souscriptions à longue maturité à taux élevé et des souscriptions à courte maturité avec un taux réduit. Cette innovation montre la capacité du Cameroun à s’adapter aux attentes des investisseurs, même dans un contexte marqué par une hausse des taux d’intérêt.
Avec une dette intérieure composée à 54 % de titres publics émis sur le marché sous-régional, le Cameroun affiche une santé financière jugée solide par les observateurs. Depuis ses premières émissions de titres en 2010 et 2011, le pays a su honorer tous ses engagements financiers sans aucun défaut de paiement, renforçant ainsi la confiance des investisseurs.
La réputation de solvabilité du Cameroun se traduit par une forte demande pour ses titres sur les marchés de la Cemac, permettant au pays de lever les fonds nécessaires pour financer son développement économique. Ce dynamisme est d’autant plus important dans le contexte actuel, où les taux d’intérêt grimpants peuvent refroidir les investisseurs. Cependant, la solidité du Trésor public camerounais continue d’attirer un large panel d’investisseurs, qui voient en ses titres une opportunité stable et fiable pour diversifier leurs placements.
Le succès des récentes levées de fonds du Cameroun témoigne de sa capacité à mobiliser des ressources importantes pour soutenir ses ambitions de développement. Cependant, le pays devra faire face à des défis de taille pour maintenir cette confiance, notamment en maîtrisant l’évolution de sa dette intérieure et en continuant à honorer ses engagements. Le contexte économique mondial, marqué par des incertitudes et des fluctuations des taux d’intérêt, impose également une vigilance accrue pour garantir la pérennité de cette stratégie de financement par les marchés financiers.
En somme, le Cameroun, fort de sa réputation de solvabilité, continue de capitaliser sur les marchés de la Cemac pour financer son développement, tout en innovant pour répondre aux exigences des investisseurs.