Pour la saison hivernale 2024-2025, Air France a réduit ses vols vers trois pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), citant une baisse de la demande. Cette décision, en vigueur depuis le 27 octobre, affecte les liaisons vers le Cameroun, le Gabon et le Tchad et pourrait redessiner le paysage aérien de la région face à la concurrence croissante de compagnies internationales.
Air France a dévoilé récemment, par le biais du site spécialisé Aéroroute, son programme d’ajustement pour la saison d’hiver 2024-2025. Cette révision implique une diminution des fréquences de vols vers trois pays d’Afrique centrale. À partir de son hub de Paris-Charles de Gaulle, la compagnie aérienne a décidé de réduire ses départs vers Libreville au Gabon, Yaoundé au Cameroun, et N’Djamena au Tchad, citant une baisse de la demande comme principal facteur. Ces ajustements, valables pour une durée de quatre mois, seront sujets à réévaluation le 23 février 2025.
Pour le Gabon, Air France passe de sept à six vols hebdomadaires à destination de Libreville. Cette modification intervient peu après que la compagnie ait retrouvé son rythme d’avant la pandémie, en juin 2023. Malgré une fréquentation annuelle de 130 000 passagers dans le pays, cette réduction de fréquence répond aux attentes d’une baisse temporaire de la demande, selon la compagnie.
Du côté du Cameroun, la liaison entre Paris et Yaoundé passe de cinq à quatre vols par semaine. Contrairement au Gabon, Air France n’a pas précisé si cette réduction sera prolongée ou quand la fréquence reviendra à la normale. Ce changement s’inscrit toutefois dans un contexte de concurrence accrue, avec l’arrivée annoncée de nouveaux opérateurs, comme Qatar Airways. Cette dernière a récemment intensifié sa présence en Afrique, notamment en investissant dans la compagnie nationale sud-africaine Airlink, une initiative qui pourrait faciliter son entrée sur le marché camerounais, encore dominé à 20,21% par Air France selon les dernières statistiques de l’Autorité aéronautique camerounaise.
La décision de réduire la fréquence des vols n’a pas été bien reçue par certaines parties prenantes. Le Groupement des Entreprises du Cameroun (Gecam) a signalé à l’Autorité de l’Aviation Civile (Ccaa) diverses plaintes concernant la vétusté des appareils d’Air France et des tarifs jugés élevés. Pour remédier à cela, la compagnie introduira un Boeing 797-9 sur cette ligne dès le 1er novembre, visant à répondre aux doléances exprimées par ses clients.
Libreville, la capitale gabonaise, bénéficiera également d’un renfort matériel. Un Boeing 777 viendra remplacer l’Airbus A330-200 dès le 13 janvier 2025. Cet appareil biréacteur, à long rayon d’action et de forte capacité, représente une amélioration significative de la flotte, confirmant ainsi la volonté d’Air France de rehausser ses standards de service au Gabon, même dans un contexte de réduction des fréquences.
Bien que la compagnie française n’ait pas divulgué ses performances pays par pays, elle anticipe une baisse de ses activités en Afrique subsaharienne pour l’année 2024. Ce recul intervient après avoir généré 2,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur le continent en 2023, une performance qui place Air France comme leader dans la zone Cemac, devant Ethiopian Airlines et Brussels Airlines. Cependant, les ajustements dans les opérations témoignent de la nécessité pour le transporteur français de rester agile face aux évolutions rapides du marché aérien africain.
En réduisant sa capacité sur ces lignes, Air France ouvre la voie à une compétition accrue. Des acteurs internationaux, conscients du potentiel de croissance dans cette région, redoublent d’efforts pour s’implanter ou consolider leurs parts de marché, tandis que les passagers continuent de réclamer des services de meilleure qualité et des prix plus compétitifs.