Malgré deux échéances repoussées pour tenter de trouver une issue amiable, la République du Congo n’a pas pu régler la somme convenue de 150 milliards de Fcfa à la société australienne Sundance Resources. Ce litige concerne le projet minier de Mbalam-Nabeba, un site d’envergure mondiale situé entre le Cameroun et le Congo. Le différend pourrait désormais se poursuivre devant la Cour internationale d’arbitrage de Paris, alors que l’audience est fixée au 14 novembre 2024.
Le 31 octobre 2024 était la date limite fixée pour que Brazzaville règle la somme de 150 milliards de Fcfa à Sundance Resources, une entreprise australienne spécialisée dans les ressources minières. Cependant, malgré un délai prolongé après un premier défaut de paiement le 30 septembre 2024, le Congo n’a pas été en mesure de mobiliser les fonds nécessaires pour clore le différend de manière amiable. Selon un communiqué de Sundance publié le 1er novembre, « des progrès ont été réalisés par le Congo pour mobiliser les fonds requis », mais à la date d’échéance, aucun paiement n’avait encore été effectué.
Ce nouvel échec compromet les chances d’un règlement à l’amiable et rouvre la voie à l’arbitrage international. L’audience de ce litige est programmée pour le 14 novembre 2024 à Paris, mais Sundance reste ouverte à un règlement rapide avec le Congo, pour éviter la poursuite des procédures. En cas de versement de la somme d’ici au 13 novembre, le Congo pourrait encore échapper à un procès dont l’issue pourrait lui être bien plus défavorable.
En effet, dans le cadre de l’arbitrage en cours devant la Cour internationale de la CCI à Paris, Sundance Resources réclame une indemnisation de 8,76 milliards de dollars, soit près de 5 000 milliards de Fcfa, pour compenser le retrait de sa filiale Congo Iron du projet Mbalam-Nabeba. Le gouvernement congolais avait en effet retiré le contrat d’exploitation du gisement de fer à Congo Iron pour l’attribuer à Sangha Mining, une société affiliée au groupe Bestway Finance, un investisseur chinois basé à Hong Kong, également impliqué côté camerounais dans ce projet transfrontalier.
Selon Sundance, cette décision prive la société d’un projet aux retombées économiques substantielles. Le gisement de Mbalam-Nabeba est en effet l’une des réserves les plus importantes de la région avec un potentiel estimé à 517 millions de tonnes de fer. L’exploitation de cette mine promet dans sa première phase de produire annuellement entre 35 et 40 millions de tonnes de minerai à enfournement direct pour une période de 12 ans. Dans sa seconde phase, il s’agirait d’exploiter le site pour une période supplémentaire de 15 ans, produisant un concentré d’itabirite hématite à haute teneur.
Le développement de ce gisement transfrontalier est crucial pour les économies du Congo et du Cameroun. Cependant, il nécessite des investissements massifs de l’ordre de 5 000 milliards de Fcfa, répartis entre la construction de la mine elle-même et d’un réseau ferroviaire de 510 kilomètres, qui relierait la mine au port en eau profonde de Kribi, dans le sud du Cameroun. Pour les deux pays, ce projet représente une opportunité stratégique, susceptible de dynamiser l’exportation de minerais vers les marchés internationaux.
En attendant, la République du Congo se retrouve face à un dilemme financier et juridique. Avec deux échéances manquées, le pays court le risque d’une sentence arbitrale défavorable qui pourrait aggraver sa situation économique et diplomatique. Malgré tout, Brazzaville a jusqu’au 13 novembre 2024 pour tenter un dernier rattrapage et éviter un procès. Pour l’instant, l’impasse persiste, et le bras de fer avec Sundance Resources menace de s’inscrire dans la durée, avec des conséquences potentiellement lourdes pour le Congo.