La Chine reste le premier créancier bilatéral du Cameroun, détenant 64,8 % de la dette bilatérale, soit 22,4 % de l’ensemble de la dette extérieure du pays. Depuis les années 2010, le Cameroun multiplie les emprunts auprès de l’Eximbank China pour financer ses grands projets d’infrastructures. Ce partenariat stratégique, étendu aux domaines économique et commercial, s’est encore renforcé lors du récent forum sino-africain en septembre dernier.
Avec 1 923,4 milliards de FCFA de créances, la Chine représente 64,8 % de la dette bilatérale du Cameroun, estimée au total à environ 2 968 milliards de FCFA. Cela équivaut à 22,4 % de la dette extérieure du pays, qui s’élève à 8 596 milliards de FCFA, selon le rapport publié le 31 octobre 2024 par la Caisse autonome d’amortissement (CAA). Derrière elle, la France demeure le second créancier bilatéral, avec 25,9 % de la dette bilatérale et 8,9 % de la dette extérieure, soit 768,3 milliards de FCFA.
Cette dépendance du Cameroun vis-à-vis de la Chine s’explique par des années de coopération, officiellement amorcée en 1971 et qui s’est accélérée à partir des années 2010. Le Cameroun s’est alors tourné massivement vers la Chine pour financer des projets « structurants » tels que des barrages hydroélectriques, des routes et le port en eau profonde de Kribi. Grâce à l’Eximbank China, la Chine a ainsi financé ces infrastructures stratégiques, contribuant au développement de secteurs clés de l’économie camerounaise.
Outre les infrastructures, la coopération sino-camerounaise couvre des domaines variés comme l’agriculture, la santé, le numérique et le commerce. Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint 1 178,1 milliards de FCFA en 2023, en hausse de 24,1 % par rapport à l’année précédente, selon l’Institut national de la statistique (INS). Ce partenariat est renforcé par une série d’accords bilatéraux, incluant des accords de prêt, de coopération économique et technique, et des partenariats dans le domaine médical et touristique.
Cap sur les investissements pour l’émergence 2035
Lors du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) en septembre 2024, le président camerounais Paul Biya a appelé à intensifier les investissements chinois dans les infrastructures routières du pays. Ce besoin est lié à la vision d’émergence à l’horizon 2035, visant à bâtir une économie camerounaise solide, basée sur des industries locales compétitives capables de transformer les ressources naturelles en produits exportables. En vue de cette ambition, Paul Biya a déclaré que le Cameroun constitue « un bon risque » pour les investisseurs chinois, misant sur l’appui chinois pour accélérer le développement industriel du pays.
La montée de la dette bilatérale envers la Chine, bien qu’elle ait permis au Cameroun de réaliser des avancées majeures en matière d’infrastructure, soulève néanmoins des questions sur la dépendance financière vis-à-vis de Pékin. Les prochaines années montreront si ce pari sur la coopération sino-camerounaise renforcera l’économie camerounaise ou si la dette accumulée deviendra un fardeau difficile à supporter.