Économie en crise – Maurice Kamto dénonce l’augmentation du coût de la vie et l’aggravation de la pauvreté au Cameroun

Maurice Kamto
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Dans un discours poignant, Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), critique sévèrement la gestion économique du Cameroun par le Régime en place. Face à une croissance atone et une dette publique étouffante, le pays s’enfonce dans une pauvreté croissante, alerte Kamto. Il appelle à une restructuration profonde, orientée vers des investissements productifs et une lutte sérieuse contre la corruption.

En 2010, le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) promettait l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035, avec un objectif de croissance annuelle de 10 %. Or, selon Maurice Kamto, cette vision est désormais compromise. Le pays se trouve enlisé dans une croissance « molle », avec des taux oscillant entre 3,6 % et 4,4 %, bien loin des objectifs initiaux. Pour comparaison, Kamto souligne l’ascension économique de la Côte d’Ivoire, avec une croissance avoisinant les 7 % par an, ayant permis à son PIB d’atteindre 87,4 milliards de dollars en 2024, tandis que le Cameroun se limite à 52 milliards de dollars.

L’écart de développement entre les deux pays, jadis similaires, s’est accru au fil des années. Kamto déplore un manque de dynamisme dans les secteurs clés, en particulier le secondaire, en déclin continu, et une production industrielle stagnante faute de moyens énergétiques suffisants.

La révision à la hausse du budget en juin 2024 a porté les dépenses publiques de 6 740 à 7 278 milliards de FCFA. Cependant, cette augmentation ne vise pas à stimuler la croissance, mais à faire face à des obligations financières pressantes, un tour de passe-passe que Kamto qualifie de « cache-misère ». En 2024, l’État prévoit d’emprunter 2 070 milliards de FCFA, non pour investir, mais pour rembourser des dettes antérieures.

Kamto alerte sur l’absence d’investissement productif dans ce budget : les dépenses en capital diminuent, et les charges courantes sont maintenues à des niveaux réduits. Il accuse la gestion des finances publiques d’être marquée par des emprunts incessants destinés à rembourser des dettes anciennes, engendrant un cercle vicieux d’endettement qui, sans correction, risque de provoquer l’effondrement économique du pays.

L’inflation au Cameroun touche durement les foyers, avec une augmentation de 5,7 % des prix à la consommation en moyenne annuelle, bien au-dessus de l’objectif de 3 % fixé par la Communauté Économique et monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC). Kamto souligne une hausse des prix alimentaires de 7,6 %, exacerbée par la montée des coûts de transport (+14 %) suite à la révision des prix des carburants. Les secteurs essentiels comme le logement et l’électricité subissent également des augmentations. Pour le leader du MRC, la flambée des prix des produits de première nécessité appauvrit la majorité des Camerounais, accentuant l’écart de consommation entre les plus riches et les plus pauvres.

En effet, d’après les conclusions de la cinquième Enquête Camerounaise auprès des Ménages (ECAM5) de 2021-2022, le taux de pauvreté a stagné à 38,6 %, loin de l’objectif de 30,8 % pour 2030. L’inégalité des revenus reste criante, les 20 % les plus riches consommant dix fois plus que les 20 % les plus pauvres. Près de 38 % de la population vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, fixé à 813 FCFA par jour, un signe selon Kamto de l’échec des politiques publiques.

Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun avance une solution radicale pour sortir le pays de cette impasse : récupérer et réinvestir les 30 % du PIB qui, selon Kamto, disparaissent chaque année dans les circuits mafieux. Une telle redistribution permettrait de financer un budget national digne de ce nom, de servir la dette autrement que par l’endettement et de relancer une croissance bénéfique pour l’ensemble de la population. Le leader de l’opposition appelle à une réorientation des finances publiques, dirigée vers des projets de développement concrets et menés de manière rigoureuse et transparente.

Kamto implore le gouvernement d’engager une lutte ferme contre la corruption et les détournements de fonds. Il enjoint également les partenaires financiers du Cameroun à ne plus fermer les yeux sur les dérives de gestion et la mauvaise utilisation des ressources publiques.

Maurice Kamto conclut son allocution en exhortant le Cameroun à réformer son modèle économique, à lutter contre l’endettement excessif et à prendre des mesures immédiates pour enrayer la corruption endémique. Il considère que seule une gestion rigoureuse et une orientation stratégique de l’économie peuvent sortir le pays de la précarité et offrir à sa jeunesse un avenir digne. Pour Kamto, l’émergence promise à l’horizon 2035 reste possible, mais seulement si le Cameroun se dote d’une gouvernance responsable, transparente et soucieuse du bien-être de ses citoyens.

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