Développement industriel – Le Cameroun relance le projet de technopôle agro-industriel de Ouassa Baboute

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Annoncé en 2017, le projet de technopôle agro-industriel de Ouassa Baboute dans la région du Centre, refait surface parmi les priorités du gouvernement camerounais. En inscrivant cette infrastructure stratégique dans le cadre du plan triennal 2025-2027, les autorités entendent contribuer à l’industrialisation du pays et à la diversification de son économie.

Le projet de construction du premier technopôle agro-industriel du Cameroun, situé à Ouassa Baboute près de Nkoteng dans le département de la Haute Sanaga, est de nouveau d’actualité. Cette infrastructure, dont le coût prévisionnel s’élève à 120 milliards de FCFA, avait été initialement lancée en 2017 par l’ancien ministre de l’Industrie, des Mines et du Développement technologique (Minmidt), Ernest Gbwaboubou. Après plusieurs années d’inactivité, le gouvernement camerounais l’a inscrit parmi les priorités industrielles du triennat 2025-2027, selon les projections du Document économique de programmation économique et budgétaire (Dpeb).

Pour le Cameroun, ce technopôle est vu comme un levier pour augmenter la contribution de la valeur ajoutée manufacturière (VAM) au PIB, de 13,7 % actuellement à au moins 15 % d’ici à 2027. Ce projet s’inscrit également dans le cadre du Plan directeur d’industrialisation (PDI) validé en 2017, et répond à la volonté du Cameroun de devenir un acteur majeur dans le domaine agro-industriel au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et vis-à-vis du Nigeria.

Depuis l’annonce initiale en 2017, les étapes préliminaires ont connu plusieurs obstacles. En décembre 2017, le site de 405 hectares avait été sécurisé et des négociations entamées avec l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) pour le financement et le développement de cette infrastructure. Toutefois, il a fallu attendre le 20 novembre 2020 pour qu’un appel public international à manifestation d’intérêt (Apmi) soit lancé par Gabriel Dodo Ndoke, alors ministre en charge, pour sélectionner une entreprise apte à financer, aménager, équiper et exploiter le technopôle.

Par la suite, en décembre 2022, une autre étape cruciale a été franchie avec le lancement du paiement des indemnisations à hauteur de 340,5 millions de FCFA, pour 123 personnes affectées par la perte de droits fonciers. Cependant, le décès de Gabriel Dodo Ndoke en janvier 2023 a entraîné une période d’incertitude, laissant en suspens les avancées du projet.

Le retour de ce projet parmi les priorités du gouvernement camerounais intervient dans un contexte de dynamisation de l’économie nationale. Selon les responsables du ministère des Finances, l’activation des zones économiques spéciales et des technopôles, comme celui de Ouassa Baboute, constitue une opportunité pour les entreprises camerounaises de profiter des avantages de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Cette zone pourrait élargir leur marché et faciliter les exportations.

Le technopôle devrait intégrer différents bassins de production, des centres de collecte et des unités de première transformation. En créant une chaîne de valeur au service des agriculteurs, PME et moyennes industries, le projet est destiné à créer des milliers d’emplois dans la région et à stimuler la compétitivité de l’agriculture locale.

À terme, le technopôle de Ouassa Baboute est perçu comme un modèle pour la nouvelle ère du secteur agro-industriel camerounais. Cette infrastructure devrait non seulement renforcer les capacités de production du pays mais aussi contribuer à son autosuffisance alimentaire, voire au-delà, en permettant au Cameroun de s’imposer comme le « nourricier » de la région CEEAC et du Nigeria. Pour les autorités, il est crucial que le Cameroun exploite pleinement ses ressources agricoles et agro-industrielles, afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des importations alimentaires.

Si le gouvernement ne précise toujours pas la date de lancement des travaux, le projet pourrait enfin voir le jour au cours des trois prochaines années. Les avancées attendues dépendront de la réussite de l’appel à manifestation d’intérêt et de l’implication des partenaires techniques et financiers, indispensables à la mise en place de cette infrastructure stratégique.

La relance du projet de technopôle agro-industriel de Ouassa Baboute symbolise la volonté du Cameroun d’accélérer son processus d’industrialisation en valorisant son potentiel agricole. Le défi est immense, mais la réussite de cette initiative pourrait marquer un tournant pour le développement économique du pays.

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