Lors du Forum des caisses de dépôt aux Nations Unies, Richard Evina Obam, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations du Cameroun (CDEC), a souligné le rôle clé de son institution dans la mobilisation des ressources nationales pour soutenir le développement économique et social du Cameroun. Malgré les défis liés à l’opérationnalisation de la CDEC, celle-ci est perçue comme un acteur incontournable du financement à long terme, au service des politiques publiques et du développement durable.
Le 21 octobre 2024, le siège des Nations Unies à New York a accueilli une réunion du Forum des caisses de dépôt, réunissant dirigeants d’institutions financières africaines et européennes. Au cœur des discussions, la mobilisation des ressources financières domestiques pour la croissance et le développement durable. Richard Evina Obam, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations du Cameroun (CDEC), a pris part à cet événement. Il a mis en lumière les initiatives de la CDEC visant à sécuriser et rentabiliser les ressources nationales pour financer des projets stratégiques à long terme.
Créée en 2008, la CDEC a été organisée par un décret en 2011, mais n’a vu ses premiers dirigeants, dont Richard Evina Obam, nommés qu’en janvier 2023. Depuis, l’institution s’efforce de concrétiser son rôle de soutien aux politiques publiques camerounaises.
Malgré ces ambitions, la CDEC doit composer avec plusieurs défis. En juillet 2024, la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac) a émis des réserves sur le transfert des fonds en déshérence à la CDEC, en l’absence d’un cadre réglementaire clair. Cette décision a engendré des tensions entre les établissements bancaires de la région et l’institution dirigée par Richard Evina Obam. La Cobac craint que la CDEC ne prive les banques d’une partie de leurs dépôts, limitant leur capacité à placer des fonds. Face à cette opposition, Richard Evina Obam a rappelé la souveraineté des États membres de la Cemac, en insistant sur la nécessité de poursuivre le processus de transfert des fonds. Le président camerounais Paul Biya a lui-même donné des instructions dans ce sens, demandant au ministre des Finances d’assurer la bonne marche de l’opération.
Un nouveau partenaire dans l’écosystème financier
La CDEC a déjà commencé à mobiliser des ressources importantes. D’après Richard Evina Obam, au lendemain du 31 mai 2024, la CDEC avait déjà récupéré environ 40 milliards de FCFA, bien que ce montant reste inférieur aux prévisions initiales. Pour certains acteurs du secteur financier national, l’arrivée de la CDEC est perçue comme une menace. En effet, plusieurs banques hésitent à déclarer l’intégralité des fonds en leur possession, craignant de perdre un volume important de dépôts qui soutiennent actuellement leur rentabilité. Ces établissements se contentent souvent de déclarations partielles, anticipant que la CDEC pourrait capter jusqu’à 20 % des dépôts bancaires, soit environ 1 500 milliards de FCFA, sur un total estimé à 7 723 milliards de FCFA à la fin 2023.
Pour apaiser ces tensions, une réunion a été organisée en août 2024 à Yaoundé, sous la présidence du gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Les discussions ont abouti à la création d’un groupe de travail chargé d’élaborer des solutions pour harmoniser la réglementation et gérer les avoirs en déshérence, en collaboration avec la Cemac. Richard Evina Obam, de son côté, a annoncé des mesures de recouvrement forcé contre les établissements de crédit ne respectant pas les échéances légales de transfert des fonds à la CDEC.
Un avenir prometteur pour le développement durable
Malgré les obstacles, la CDEC s’affirme comme un acteur clé du développement économique du Cameroun. Lors de son intervention à l’ONU, Richard Evina Obam a rappelé que l’institution joue un rôle stratégique dans le financement de projets durables, tant au Cameroun que dans la région. Grâce à la mobilisation des ressources domestiques, la CDEC contribue à la transition écologique et au développement social du pays, en partenariat avec des institutions internationales. En tant qu’institution publique, la CDEC se distingue par sa mission de collecte et de gestion de ressources « oisives », comme l’épargne réglementée ou les fonds de la Sécurité sociale, en vue de les orienter vers des investissements à long terme. Cette mission fondamentale en fait un acteur indispensable dans le financement des infrastructures et des initiatives publiques. Avec la poursuite des efforts de régulation et de mobilisation, la CDEC s’inscrit dans une dynamique prometteuse pour devenir un pilier du développement durable au Cameroun.