Exploitation minière – Le ministère des Mines dément l’acquisition de permis par Peak Minerals

Le ministère des Mines dément l’acquisition de permis par Peak Minerals
Partager...

Alors que l’entreprise australienne Peak Minerals annonce l’acquisition de trois projets miniers au Cameroun, le ministère des Mines dément catégoriquement. Cette controverse souligne une fois de plus la nécessité d’une transparence accrue dans le secteur minier au Cameroun.

Le 15 octobre 2024, l’entreprise australienne Peak Minerals, spécialisée dans l’exploration minière, a publié un communiqué affirmant avoir finalisé l’acquisition de plusieurs permis pour des projets miniers au Cameroun. Selon la société, ces projets incluent deux sites d’uranium, Kitongo et Lolo, situés dans la région de l’Adamaoua, et un projet de rutile dans la région de l’Est, à Minta. Peak Minerals aurait acquis une participation de 80 % dans ces projets après une période de due diligence. La société prévoyait d’entamer les travaux d’exploration d’ici la fin de l’année, se basant sur des résultats prometteurs. Cette annonce, cependant, a rapidement été contestée par le ministère camerounais des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique (Minmidt). Quelques heures après l’annonce de l’entreprise, une source au sein du ministère a fermement rejeté les allégations de Peak Minerals, affirmant qu’aucun permis n’avait été délivré à cette société.

Un démenti ferme du ministère des Mines

Ce n’est pas la première fois que le ministère dément des affirmations émanant de Peak Minerals. En juillet 2024, après que l’entreprise avait déjà mentionné des acquisitions similaires, le ministre des Mines, Fuh Calistus Gentry, avait publié un communiqué officiel. Il y précisait que la société australienne n’avait jamais obtenu de permis, ni même déposé une demande en bonne et due forme. Le ministère avait également rappelé que les permis d’exploration au Cameroun sont strictement encadrés par la loi et n’ouvrent aucun droit à l’exploitation sans une procédure supplémentaire. Selon les autorités camerounaises, ces démentis visent à protéger les ressources naturelles du pays contre des annonces non fondées, et à éviter toute spéculation sur les potentiels miniers du sous-sol. Le Cameroun, riche en ressources naturelles telles que l’uranium, le rutile, et d’autres minerais précieux, a mis en place des régulations strictes pour éviter une exploitation incontrôlée de ses ressources.

Un projet minier d’envergure au cœur des tensions

Les projets annoncés par Peak Minerals semblent néanmoins d’envergure. Concernant les sites de Kitongo et Lolo, la société évoquait six permis d’exploration couvrant près de 2 400 km², dont des zones ayant été explorées jusqu’en 2011 par une autre société, Mega Uranium. Le projet de Minta, pour sa part, concernait une zone de 8 800 km², où des forages de reconnaissance avaient déjà révélé la présence de minerais riches en rutile et en zircon, ainsi que des perspectives pour l’or et les terres rares. Selon Peak Minerals, ces acquisitions auraient pu jouer un rôle stratégique majeur dans son expansion en Afrique. Phillip Gallagher, directeur de l’entreprise, a souligné dans ses déclarations que le Cameroun présente des opportunités uniques, notamment dans le secteur de l’uranium. Le géologue Dr Marat Abzalov, qui a dirigé des projets similaires en Australie, partageait cet enthousiasme, vantant les potentiels du sous-sol camerounais.

Des zones d’ombre persistantes

En dépit du démenti catégorique du ministère, Peak Minerals n’a pas encore répondu aux sollicitations pour clarifier sa position. L’entreprise australienne, qui avait organisé une levée de fonds de 1,02 milliard de FCFA pour financer l’acquisition de ces permis, semble pourtant maintenir son projet d’exploration au Cameroun. La question demeure donc : comment cette entreprise prétend-elle avoir acquis des participations dans ces projets sans avoir obtenu de permis de la part des autorités camerounaises ? Cette situation met en lumière la complexité des relations entre entreprises étrangères et États dans le secteur minier en Afrique, où des enjeux de transparence, de souveraineté et de régulation sont cruciaux. Alors que le Cameroun cherche à mieux exploiter ses ressources naturelles, ce genre de controverses pourrait affecter la confiance des investisseurs et l’avenir de l’exploration minière dans le pays.

L’affaire Peak Minerals montre à quel point les projets d’exploitation minière au Cameroun sont soumis à une réglementation stricte et à un contrôle rigoureux de l’État. Tandis que le ministère des Mines se montre intransigeant quant au respect des procédures, la suite de cette affaire pourrait révéler de nouveaux rebondissements dans les semaines à venir.

Related posts

Leave a Comment