Malgré l’ambition du Cameroun de tripler sa production de riz d’ici 2027, la dépendance aux importations persiste, posant des défis à la balance commerciale et à la sécurité alimentaire.
Entre 2024 et 2027, le Cameroun prévoit d’augmenter sa production de riz de 140 710 tonnes à 460 000 tonnes. Cette stratégie, présentée dans le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2025-2027 par le ministère des Finances, vise à tripler la production de ce produit vital pour le pays. Si l’objectif est atteint, il marquera un pas significatif vers l’objectif national de 750 000 tonnes d’ici 2030, et de porter le taux d’autosuffisance à 97 %.
Cependant, malgré ces ambitions, le Cameroun devra continuer à faire face à un déficit. La demande en riz, qui ne cesse d’augmenter, était déjà estimée à 576 949 tonnes en 2020. Avec les 460 000 tonnes projetées pour 2027, un manque d’au moins 110 000 tonnes persistera, contraignant le pays à maintenir ses importations. Cela soulève des questions sur la viabilité de la stratégie nationale face à une demande en constante hausse.
En 2022, le Cameroun a importé 652 565 tonnes de riz, représentant 4,6 % de la valeur totale de ses importations, pour un coût de 162,5 milliards de FCFA. Comparé à 2021, où les importations avaient atteint 207,9 milliards de FCFA, ces chiffres soulignent une dépendance alarmante. Les importations continuent d’impacter négativement la balance commerciale, rendant le pays vulnérable aux fluctuations des marchés internationaux.
La situation est compliquée par des pratiques douteuses entourant les importations. Depuis 2008, le riz est exonéré de taxes, puis soumis à un droit de douane réduit de 5 % depuis 2016. Cette politique a facilité le développement de circuits de contrebande vers le Nigeria, où le riz est surtaxé pour protéger la production locale. En outre, le Gabon et la Guinée équatoriale sont devenus des destinations prisées pour le riz réexporté, profitant des prix compétitifs.
Malgré les efforts du Cameroun pour améliorer sa production de riz, la dépendance aux importations et les défis liés à la contrebande restent préoccupants. L’atteinte des objectifs fixés pour 2027 et au-delà nécessitera des mesures concrètes et une régulation stricte pour sécuriser la production locale et réduire le déficit. Le chemin vers l’autosuffisance en riz est semé d’embûches, mais essentiel pour la sécurité alimentaire du pays.