Le ministre des Marchés publics, Ibrahim Talba Malla, a lancé une campagne nationale pour promouvoir la plateforme Cameroun Online E-Procurement System (Coleps), qui vise à moderniser les procédures de contractualisation. La digitalisation est un pas vers la transparence, mais des défis persistent.
Le 10 octobre 2024, à Yaoundé, le ministre des Marchés publics, Ibrahim Talba Malla, a inauguré une campagne nationale pour sensibiliser les acteurs de la commande publique à l’utilisation de la plateforme Coleps. Ce projet, soutenu par le gouvernement sud-coréen depuis son lancement en 2018, marque un tournant significatif dans la passation des marchés publics au Cameroun, avec l’objectif de dématérialiser l’ensemble des procédures d’ici 2025.
La mise en place du Coleps répond à un besoin urgent de transparence dans un secteur où la corruption a été endémique. Selon le rapport 2018 de la Commission nationale anti-corruption (Conac), le ministère des Marchés publics figurait parmi les administrations les plus corrompues du pays. En réduisant le contact physique entre les différents acteurs de la chaîne de passation, la plateforme ambitionne de limiter les pratiques corruptives qui ont gangrené ce domaine.
Malgré les ambitions affichées, la digitalisation des procédures de contractualisation peine à décoller. En 2021, sur 7 800 marchés publics programmés en ligne, seulement 104 contrats ont été attribués via le Coleps. Ce bilan décevant a suscité des inquiétudes quant à la capacité du système à devenir opérationnel d’ici la date butoir de 2025.
Lors d’une présentation en conseil de cabinet le 24 février 2022, Ibrahim Talba Malla a évoqué les raisons de ce faible taux d’utilisation. Il a souligné que les contraintes techniques et la résistance au changement des acteurs impliqués constituent des obstacles majeurs. Beaucoup d’entre eux considèrent les procédures électroniques comme complexes et peu accessibles, ce qui limite leur engagement dans ce processus de modernisation.
Pour que la digitalisation des marchés publics soit une réalité au Cameroun, un changement de mentalité est nécessaire. Les administrations doivent non seulement être formées à l’utilisation de la plateforme, mais également convaincues des avantages qu’elle peut apporter. La sensibilisation et la formation des acteurs sont cruciales pour lever les freins à l’adoption du Coleps et garantir un meilleur taux de réussite.
La digitalisation des procédures de contractualisation représente une opportunité unique pour le Cameroun de lutter contre la corruption et d’améliorer la transparence des marchés publics. Toutefois, sans une mobilisation effective des acteurs et une réponse adaptée aux défis rencontrés, cet objectif pourrait rester lettre morte. Le chemin vers une administration publique modernisée est semé d’embûches, mais il est essentiel pour le développement économique et social du pays.
