Secteur bananier – Le Cameroun face à un marché mondial déclinant

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Au troisième trimestre 2024, les revenus des principaux acteurs de la filière banane au Cameroun ont chuté de 64 %, atteignant 10,5 milliards de Fcfa, en raison de la baisse des prix sur le marché international.

Le secteur bananier camerounais traverse une période difficile. Selon les dernières données, les revenus des entreprises majeures telles que Plantations du Haut Penja (PHP), Compagnie de bananes de Mondonie (Cbdm), Cameroon Development Corporation (CDC) et Boh Plantation ont plongé à 10,5 milliards de Fcfa entre juillet et septembre 2024, contre 29,2 milliards de Fcfa au trimestre précédent. Cette chute de 64 % est directement liée à la dégringolade des prix de la banane sur le marché mondial.

Les exportations camerounaises, qui se sont chiffrées à 67 865 tonnes durant cette période, montrent tout de même une hausse de 68 % par rapport à l’année précédente. Cependant, comparativement au trimestre précédent, ces chiffres restent alarmants. En effet, les recettes générées par l’exportation de 46 482 tonnes de bananes entre mai et juin 2024 avaient rapporté 29,2 milliards de Fcfa, illustrant la tendance inquiétante du marché.

Une source au sein de l’Association bananière du Cameroun (Assobacam) explique que la différence significative entre les deux trimestres est attribuable à une chute brutale des prix. Le prix mondial de la banane a chuté de près de 25 %, passant de 1,4 dollar à 1,03 dollar le kilogramme, tandis que le prix de la banane camerounaise a baissé de plus de 40 %, se chiffrant à 0,43 dollar.

Malgré ces défis, les opérateurs locaux gardent un certain espoir. Le 7 octobre, le Comité des Prix et Standards de Fairtrade International a adopté une nouvelle grille tarifaire qui pourrait redresser la situation. À partir du 1er janvier 2025, le prix départ usine pour les bananes camerounaises sera de 7,75 euros, avec une prime d’un euro, augmentant ainsi les revenus potentiels des producteurs.

Il est également à noter que les volumes exportés selon la douane (67 865 tonnes) diffèrent de ceux rapportés par l’Assobacam (55 378 tonnes), une divergence qui s’explique par des ventes réalisées par des producteurs non organisés. Les 12 487 tonnes excédentaires correspondent à des ventes effectuées par des producteurs particuliers, soulignant une part importante d’exportations en dehors des circuits traditionnels.

Dans un contexte de défis structurels et de volatilité des prix sur le marché mondial, l’avenir de la filière banane camerounaise dépendra de la capacité des acteurs à s’adapter aux nouvelles normes et à diversifier leurs marchés d’exportation. La mise en œuvre des nouvelles tarifications pourrait offrir un souffle salvateur, mais la vigilance reste de mise pour naviguer dans les incertitudes du marché international.

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