Lors de la Conférence sur le développement durable à Hambourg, le Cameroun a signé un accord crucial avec l’Allemagne et le Royaume-Uni pour financer des pratiques agricoles durables, visant à conformer ses exportations de cacao aux normes européennes et à lutter contre la déforestation. Le 8 octobre dernier, à Hambourg, le Cameroun a marqué un tournant significatif dans sa stratégie de développement durable.
Lors de la Conférence sur le développement durable, le ministre camerounais de l’Économie, Alamine Ousmane Mey, a signé un mémorandum d’entente avec Anneliese Dodds, ministre britannique du Développement international, et un représentant du gouvernement allemand. Cette entente promet un soutien financier de plus de 1 400 milliards de Fcfa pour aider les petits producteurs de cacao à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement.
Contexte de la production de cacao au Cameroun
Le Cameroun se positionne comme le premier exportateur de cacao en zone Cemac, avec 185 613 tonnes de fèves exportées durant la dernière campagne agricole. Cependant, le pays fait face à des enjeux environnementaux majeurs, notamment la déforestation et la dégradation des forêts. Dans ce contexte, le gouvernement camerounais s’est engagé à respecter les normes de traçabilité de l’Union Européenne, qui exigent que les produits exportés ne proviennent pas de terres déboisées après le 31 décembre 2020.
Un engagement renforcé envers l’Initiative
CAFI Ce nouvel accord s’inscrit dans le cadre de l’Initiative pour les forêts de l’Afrique centrale (CAFI), qui vise à combattre la déforestation et à protéger la biodiversité. Le Cameroun renouvelle ainsi sa « lettre d’intention Cameroon-CAFI », initialement signée en 2015, pour une période supplémentaire de 10 ans. Ce renouvellement comprend un engagement financier significatif de 2,5 milliards de dollars sur les dix prochaines années pour aider les producteurs de cacao à cultiver sans déforestation.
Un projet ambitieux pour la transition agroécologique
Le Cameroun a déjà obtenu l’approbation d’un projet à grande échelle, d’un montant de 20 millions de dollars, visant à promouvoir des pratiques agroécologiques durables. Ce projet, mis en œuvre par le Fonds international de développement agricole (FIDA), soutiendra le Fonds de développement du café et du cacao du Cameroun (Fodecc) sur les trois prochaines années, en complément des ressources nationales et des financements de l’Union européenne.
La traçabilité au cœur des enjeux
Pour garantir l’accès du cacao camerounais au marché européen, l’Association Camerounaise du Cacao et du Café a récemment établi des accords avec plusieurs négociants pour développer une plateforme de traçabilité des plantations. Cette initiative, dirigée par le Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café du Cameroun (Cicc), permettra aux acheteurs européens de vérifier la provenance des fèves et d’assurer leur conformité avec les normes de durabilité exigées par l’UE.
Un enjeu régional
Le CAFI, qui soutient cinq des six pays membres de la zone Cemac, vise à lutter contre la déforestation et à préserver la biodiversité. Le Cameroun, la République centrafricaine, la Guinée équatoriale, le Gabon et la République du Congo bénéficient de cet engagement international, qui a permis de mobiliser 892,5 millions de dollars depuis 2015 pour 46 projets liés à la réduction des émissions dues à la déforestation.
Avec cet appui financier et ces nouvelles initiatives, le Cameroun s’engage à transformer son secteur cacao en un modèle de durabilité, en conciliant rentabilité économique et protection de l’environnement. Cette démarche pourrait également inspirer d’autres pays de la région à adopter des pratiques similaires, contribuant ainsi à la préservation des forêts tropicales d’Afrique centrale.