Face à l’épuisement de ses réserves pétrolières, le Cameroun se tourne vers l’exploitation de ses richesses minières. Avec des projets ambitieux et une révision du cadre réglementaire, le pays espère transformer ses ressources inexploitées en une nouvelle source de revenus.
Le Cameroun, traditionnellement dépendant des recettes pétrolières, fait face à une baisse significative de sa production. En 2023, le secteur pétrolier représentait encore 33 % des exportations et 4 % du PIB, mais les prévisions pour 2024 indiquent une poursuite de ce déclin. Les experts estiment que sans nouvelles découvertes, le pays pourrait ne plus être considéré comme producteur de pétrole d’ici 2034.
Pour pallier cette situation, le gouvernement camerounais s’oriente résolument vers l’exploitation de ses ressources minières. « Nous sommes en train de passer d’un ‘pays à potentiel’ à un ‘pays minier’ », a affirmé Fuh Calistus Gentry, ministre des Mines par intérim. Le Cameroun prévoit de lancer douze projets miniers d’ici 2027, dont certains, comme les mines de fer de Kribi-Lobé et de Bipindi-Grand Zambi, sont déjà en phase de démarrage.
Parmi les projets majeurs, le développement de la mine de fer de Mbalam-Nabeba, qui pourrait se révéler stratégique avec ses réserves prouvées de 887 millions de tonnes, est en bonne place. Ce projet inclut également la construction d’une voie ferrée de 600 kilomètres reliant les mines au port de Kribi, essentielle pour l’exportation.
En parallèle, l’exploitation de la bauxite de Minim-Martap devrait commencer en 2025, et le gouvernement est en pourparlers avec plusieurs sociétés minières pour l’exploitation de gisements de fer et d’or.
Pour attirer les investisseurs, le Cameroun a révisé son code minier en 2023, remplaçant celui de 2016. L’objectif est d’augmenter la contribution du secteur minier au PIB. Cependant, des voix s’élèvent pour réclamer une plus grande transparence dans la gestion des ressources extractives, d’autant plus que le pays a été suspendu de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) en mars 2023.
Malgré les ambitions affichées, des experts mettent en garde contre une mise en œuvre rapide des projets. « Il faudra attendre dix à quinze ans avant de voir des dividendes », souligne un chercheur. La crainte est également de voir des compagnies peu qualifiées obtenir des concessions, sans apporter de réels bénéfices au pays.
Pour éviter les dérives, il est crucial que le Cameroun développe un processus clair et transparent pour l’attribution des titres miniers. « Avec de telles pratiques, comment espérer attirer des compagnies sérieuses ? », s’interroge l’expert, faisant référence à des allégations de corruption qui pourraient compromettre la crédibilité du secteur.
Le défi pour le Cameroun réside donc dans sa capacité à encadrer l’exploitation de ses ressources et à attirer des investisseurs sérieux. La transformation des ambitions en résultats concrets sera déterminante pour relancer l’économie du pays et garantir un avenir durable à son secteur minier. Les yeux sont désormais rivés sur la mise en œuvre de ces projets, en espérant qu’ils ne se transforment pas en simples mirages.